Louis Erard et Konstantin Chaykin

Louis Erard a livré son régulateur en sacrifice à une bien étrange créature: un cyclope grotesque à gueule de scie.

Une figure mythologique réinterprétée Konstantin Chaykin, membre de l’Académie horlogère des créateurs indépendants. Sa réputation est mondiale et son inventivité affirmée. Il s’est aussi taillé une réputation dans l’univers très singulier des montres à visages.

La rencontre entre Louis Erard et Konstantin Chaykin a ainsi donné naissance à une étrange créature. Un monstre borgne, auquel la mécanique donne vie. La différence, c’est que cette fois, on ne regarde même plus l’heure, c’est l’heure qui nous regarde: l’heure est un œil, unique, grand, rond.

Ce regard cyclopéen reprend les éléments originels des Wristmons et plus particulièrement de la première montre Joker de Konstantin Chaykin, dont les yeux étaient constitués de disques blancs marqués d’un point, à la fois pupille et indicateur.

Sauf que ce cyclope-ci ne vient pas de Grèce, il a traversé les Balkans. Mauvais œil des contes slaves, il se nomme Likho. Konstantin Chaykin en explique la genèse: «A chaque Halloween, j’ai créé un nouveau type de monstre, c’est-à-dire des montres-bracelets sur le thème de cette fête, comme la montre tête de citrouille et la montre Dracula, par exemple. A la recherche d’idées pour cette histoire, je me suis tourné vers le personnage du borgne Likho des contes de fées.»

Tout était prêt pour la rencontre avec Konstantin Chaykin. Une nouvelle carte blanche, mais toujours sur une figure imposée: respecter l’architecture du régulateur signature de Louis Erard, avec minute centrale, heure à midi et seconde à six heures. Il ne restait donc à Konstantin Chaykin qu’un œil pour construire le visage. Il en a fait l’œil du Likho, comme une sorte d’amulette protectrice contre les mauvais esprits.

Pour la petite seconde à six heures, l’horloger l’a habillée d’un disque à dents pointues, tournant comme la gueule dévorante d’un ogre. Inspiration croisée, comme l’explique Konstantin Chaykin: «Je me suis souvenu de Francisco Goya et de son Saturne dévorant l’un de ses fils. J’ai pensé à une nouvelle de Stephen King, Les Langoliers, des mangeurs de temps.»

Il ne manquait au monstre qu’un bras. L’aiguille centrale des minutes le lui donnera. Konstantin Chaykin lui fait traverser le cadran et l’affuble de «deux mains tournant en cercle». Et pour parachever le caractère cartoonesque du personnage, l’horloger a joué de «combinaisons de doigts spécifiques», qui donnent à l’ensemble l’allure d’une flèche: pointe à un bout, plumage à l’autre; un doigt tendu d’un côté, signe des cornes à l’autre bout.

La créature est complétée par un bracelet en crapaud noir et existe en deux versions. Tour d’heures violet pour la pièce de 39 mm et vert pour la 42 mm. Les deux versions sont également disponibles sous la forme d’un diptyque proposé dans un coffret limité à 28 pièces.

11.5.2023