Fondation Audemars Piguet au service de la nature

Conservation et restauration des forêts, sensibilisation des jeunes, préservation des savoir-faire, tels sont les buts principaux de la Fondation Audemars Piguet qui fête cette année ses trente ans d’existence. A ce jour, elle soutient 48 projets touchant 28 pays.

Créée en 1992 par Jacques-Louis Audemars, la Fondation Audemars Piguet est une institution suisse à but non lucratif dont la vocation est de favoriser la préservation des forêts à travers le monde. Ses actions se concentrent sur trois axes, à savoir la conservation et la restauration de forêts, la sensibilisation de la jeunesse aux questions environnementales ainsi que la préservation des savoirs ancestraux en lien avec la nature. Elle agit également en tant que marraine spirituelle de la responsabilité sociétale de la maison horlogère. Elle participe par ailleurs à la sensibilisation des collaborateurs-trices au respect des principes de développement durable. Le Conseil de la Fondation Audemars Piguet est présidé par Jasmine Audemars, fille du fondateur. Elle est dirigée par Susan Simmons Lagreau, secrétaire générale depuis 2018.

Approche
La Fondation soutient au niveau mondial des projets gérés par des organisations à but non lucratif et non gouvernementales avec pour mission d’aider les communautés à préserver un mode de vie et une culture respectueux de leur environnement. Son approche vise à initier, par le biais de projets, un cercle vertueux de développement durable, en collaboration avec les populations concernées.

La Fondation donne la priorité aux projets qui reflètent trois valeurs: tradition, excellence et audace.

  • Tradition: les projets doivent viser à conserver ou à restaurer le patrimoine naturel et les savoir-faire ancestraux qui lui sont rattachés.
  • Excellence: les projets doivent pouvoir faire l’objet d’un suivi d’impact attentif sur le long terme et générer des retombées environnementales et humaines durables.
  • Audace: les projets doivent émaner d’organismes travaillant directement sur le terrain avec les communautés et se distinguant par des objectifs originaux et audacieux.

Par ailleurs, les projets doivent:

  • être initiés par la population locale ou privilégiant la participation active des communautés à tous les niveaux afin d’assurer la pertinence et la viabilité des initiatives sur le long terme,
  • valoriser des solutions innovantes permettant de concilier préservation de la forêt et développement économique, notamment le soutien à des agents multiplicateurs, pour permettre la consolidation et l’expansion des projets,
  • être portés par des organisations ayant une expérience et des compétences prouvées dans le domaine d’activité concerné et démontrant une efficacité et une transparence budgétaire attestées dans l’utilisation des fonds, prévoir une autonomie financière à long terme.

Volontariat d’entreprise Audemars Piguet
Depuis 2019, la Fondation Audemars Piguet supervise également le programme de Volontariat d’entreprise Audemars Piguet afin de permettre à chaque collaborateur-trice de contribuer personnellement à la société civile. Ces derniers-nières peuvent ainsi, sur leurs heures de travail, donner de leur temps et/ou transférer leurs compétences auprès d’organismes caritatifs. Ce programme, composé aujourd’hui d’un catalogue d’une vingtaine d’activités par an, est actuellement opéré en Suisse et sera déployé dès 2023 à l’international auprès des filiales de la maison horlogère.

Présentation de la Fondation Audemars Piguet
Depuis sa création, la Fondation Audemars Piguet a financé 176 réalisations au sein de 57 pays. Actuellement, elle soutient 48 projets touchant 28 pays. Nous vous présentons trois d’entre eux touchant le Pérou, le Vietnam et l’Afrique de l’Ouest.

Pérou
Au sein de ce pays d’Amérique du Sud, la Fondation finance l’association Nouvelle Planète qui aide les peuples indigènes amazoniens à obtenir la propriété foncière de leurs territoires afin de leur permettre de préserver la principale source de leur approvisionnement, mais aussi de contribuer à protéger la forêt amazonienne et l’équilibre climatique planétaire. Des études de captation de carbone ont en effet récemment établi que les forêts aux mains des peuples indigènes sont les mieux conservées d’Amazonie.

La loi péruvienne reconnaît les territoires indigènes ancestraux et assume la responsabilité d’accorder la personnalité juridique à leurs communautés. La Constitution confirme et protège ces droits indigènes, qui sont également reconnus en droit international par le Bureau international du travail des Nations Unies. Cette Convention inclut le droit des peuples indigènes à être consultés sur les décisions étatiques qui les concernent, via un consentement libre, préalable et informé.

Dans les différentes régions amazoniennes du Pérou, il existe encore quelque 600 communautés indigènes et 500 communautés de riverains (ribereños) d’origine indigène qui ne possèdent pas encore de titre foncier. Leurs territoires sont soumis à des incursions constantes de bûcherons illégaux et d’autres extracteurs de ressources, contre lesquelles il n’existe aucun moyen légal de protection. En conséquence, leur sécurité alimentaire est affectée par la détérioration de la biodiversité et des stocks de poissons dans les lacs et les rivières. La démarcation des terres est la première étape permettant une autonomie des peuples indigènes.

Le projet soutenu par la Fondation se situe dans le Bas-Ucayali, au Nord de l’Amazonie péruvienne dans le Loreto qui est soumis à une forte pression de la part d’extracteurs de bois qui profitent de l’absence de documents officiels attestant de la propriété foncière des terres par les communautés locales. Celles-ci ne sont en effet ni inscrites dans les registres fonciers, ni titularisées. Elles ne peuvent donc pas faire valoir leurs droits pourtant désormais prévus par la Constitution péruvienne.

Le projet vise à octroyer des titres fonciers légaux à 44 communautés indigènes du bassin du Bas-Ucayali et ainsi à protéger au minimum 200’000 hectares de forêts amazoniennes. Il est piloté sur place en collaboration le Centro paras el Desarollo del Indigena Amazonico, Iquitos, Pérou. Il se focalise également sur la formation des dirigeants communautaires afin qu’ils aient pleine connaissance de leurs droits fonciers. Cette mission tente aussi de soutenir les communautés locales et de lutter contre leur exode.

Vietnam
Au Vietnam comme ailleurs, la protection des espaces naturels est souvent favorisée par l’implication totale et inclusive des populations locales, dépendantes tant des ressources naturelles que de leur conservation. Afin d’atteindre l’objectif 15 du développement durable de l’Agenda 2030 et de promouvoir plus de justice sociale et de moyens d’action pour les plus vulnérables, le Gret - organisation de solidarité internationale dont l’objectif est d’améliorer les conditions de vie des populations les plus vulnérables et promouvoir la justice sociale, tout en préservant la planète - mène un projet de protection et de gestion inclusive de la réserve naturelle de Pu Luong, favorisant la protection du bien commun qu’est cet espace naturel, tout en améliorant les conditions de vie des femmes issues des minorités ethniques.

Malgré des évolutions positives de la législation ces dernières années, les femmes vietnamiennes, et en particulier les femmes issues de minorités ethniques, sont encore confrontées à des comportements discriminatoires et à de nombreuses difficultés dans leur vie quotidienne: pauvreté, accès limité à l’enseignement supérieur et aux possibilités d’emploi notamment. Une partie de ces femmes vit au sein de réserves naturelles ou dans leur périphérie comme celle de Pu Luong (17’662 ha), située dans la province de Thanh Hoa, au centre-nord du Vietnam. Celle-ci abrite d’importantes forêts en cours de restauration écologique, une riche biodiversité et protège les bassins de drainage de la rivière Ma.

La transition d’un accès aux espaces naturels auparavant gérés par les communautés à un strict contrôle par le gouvernement augmente la vulnérabilité et la marginalisation des personnes les plus pauvres. En effet, les communautés locales possèdent peu - ou pas - de terres agricoles et vivent principalement de l’élevage et des produits forestiers qui représentent jusqu’à 60 à 80% de leurs revenus. Les femmes issues des minorités sont particulièrement concernées car les hommes bénéficient d’opportunités professionnelles en dehors du secteur agricole, localement ou dans d’autres régions. Les femmes, traditionnellement responsables de la subsistance du ménage, sont le plus souvent assignées au foyer. En raison des normes culturelles et des préjugés liés au genre, elles ont un accès et un contrôle moindre sur les ressources naturelles. Au Vietnam, environ 38% des femmes et 62% des hommes possèdent des certificats de droit d’utilisation des terres; celles-ci sont donc rarement pleinement intégrées dans les décisions relatives à la gestion des ressources.

C’est dans ce contexte que la Coopérative de développement rural de Quan Hoa (RDC) et le Gret ont lancé le projet Pu Luong. L’objectif est d’améliorer les conditions de vie et l’autonomie économique des femmes issues des minorités ethniques Thai et Muong, et de garantir une gestion inclusive et durable des forêts dans les espaces protégés et les zones tampons de la réserve naturelle de Pu Luong.

Au total, ce sont quelque 6’800 femmes issues de minorités Thai and Muong (51% de la population) vivant dans les 31 villages situés dans la réserve et les zones tampons alentours qui sont accompagnées. Septante personnes représentant les autorités locales et les autorités de gestion de la réserve sont également impliquées. Les personnes venant visiter la réserve sont quant à elles sensibilisées aux projets.

Afrique de l’Ouest
Les palmiers (Arecaceae) sont une famille de plantes très diversifiées avec environ 2’600 espèces réparties en 187 genres à travers les zones tropicales et subtropicales. Ce sont des espèces qui font objet de multiples usages dans tous les secteurs de la vie. Elles sont utilisées en alimentation, en médecine traditionnelle et dans le secteur de l’artisanat. Les nombreux services offerts par les palmiers les soumettent à des pressions anthropiques importantes.

A l’exception du palmier à huile et du cocotier (intensivement cultivés/domestiqués), toutes les autres espèces de palmiers de Côte d’Ivoire, du Ghana et du Bénin ne sont pas domestiquées. C’est d’ailleurs le cas dans toute l’Afrique de l’Ouest. Ces palmiers sont récoltés directement dans la brousse ou en forêt, au sein des populations naturelles. Les méthodes d’exploitation non durables et le défrichage des zones particulièrement riches en espèces de palmiers (bas-fonds, zones humides, forêts) menacent fortement ces végétaux. Leur régénération est malheureusement longue et difficile car la germination a lieu souvent après plusieurs mois et la croissance des plantes est lente. Certains palmiers mettent des dizaines d’années après leur germination avant d’être exploitables.

La Fondation soutient un projet transdisciplinaire, mené par les Conservatoire et Jardin botaniques de Genève, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Bénin et au Ghana. Ce dernier souhaite, à travers la connaissance des filières d’extraction de trois groupes de palmiers forestiers utiles (raphias, rotins et doums), proposer des solutions agro-écologiques durables (multiplication, pépinières, domestication) pour la conservation active de ces espèces souvent surexploitées et leurs milieux naturels fortement menacés par la déforestation et les drainages.

Le projet ambitionne de fédérer les efforts des universités locales et des jardins botaniques au bénéfice de la conservation de la biodiversité, des récolteurs, des cultivateurs et des artisans concernés, ceci dans un vaste programme de récolte, de mise en culture et de diffusion de germoplasmes.

A terme, il vise à mettre à la disposition des agriculteurs, des associations, des organisations non gouvernementales, des jardins botaniques, des services forestiers et des gestionnaires des parcs, réserves et forêts classées, des plants de palmiers pour leurs opérations d’aménagement, d’agroforesterie, de réhabilitation des espaces dégradés et d’éducation environnementale. Il permet également de développer des techniques de germination et de multiplication de ces palmiers. En outre, le projet Multipalms accorde une place importante à la formation des jeunes pour la relève scientifique. Ainsi, sur les trois ans que durera cette première phase, plusieurs étudiants de Master seront formés.

Au cours de ces trois décennies, la Fondation a travaillé de manière très discrète et en totale autonomie par rapport à la Manufacture. Aujourd’hui, elle désire communiquer plus amplement sur les projets qu’elle soutient. Elle lancera donc, en fin d’année, un site Internet dévoilant ses activités passées et actuelles.

15.9.2022