Grand prix d’horlogerie de Genève 2017

La 17e édition du Grand prix d’horlogerie de Genève s’est tenue le 8 novembre dernier au Théâtre du Léman. Fidèle acteur de cet événement, Carlo Lamprecht a tiré sa révérence pour laisser sa place à Raymond Lorétan. Trois maisons ont également marqué les esprits en recevant chacune deux distinctions.

Cette édition 2017 du Grand prix d’horlogerie de Genève (GPHG) s’est déroulée dans l’enceinte du Théâtre du Léman de la Cité de Calvin. Vingt-huit experts d’horizons différents se sont prêtés avec passion au jeu de la sélection des montres pour retenir au final 72 garde-temps classés dans différentes catégories. Présenté par Lauriane Gilliéron et Edouard Baer, cet événement incontournable du monde horloger a été coloré d’une délicate touche d’humour.

Fidèle au poste, Carlo Lamprecht a officialisé ce qu’il avait discrètement amorcé. Annoncé par Pierre Maudet, conseiller d’Etat, le président de la Fondation du GPHG - à ce poste depuis sept années - a révélé son départ, passant par la même occasion le témoin à son successeur Raymond Lorétan, ancien ambassadeur suisse.

Mettant véritablement la transmission du savoir sur le devant de la scène, le Prix Spécial du Jury a rendu honneur aux émailleuses Suzanne Rohr et Anita Porchet soulignant ainsi leur art toujours mené à un degré de perfection saisissant. Récompensant la pérennité du savoir-faire horloger, le Prix du meilleur jeune élève a été remis cette année à Besarta Murti, étudiante de première année à l’Ecole d’horlogerie de Genève, ayant obtenu la moyenne de 5,6.

La récompense suprême, l’Aiguille d’or, a été remise à Chopard pour son garde-temps L.U.C Full Strike. Karl-Friedrich Scheufele, coprésident de la maison horlogère, a particulièrement été ému de recevoir cette distinction des mains de Pierre Maudet. Dévoilée en 2016, la lauréate revisite une des complications horlogères majeures tout en y apportant une innovation respectant la tradition de création de mouvements. Caroline Scheufele, coprésidente de la marque, s’est vu remettre le Prix de la Montre Joaillerie pour la réalisation Lotus Blanc. Ce garde-temps, qui totalise 25,66 carats, se révèle avec poésie et s’ouvre en corolle avec grâce. Les pétales étincelants s’articulent en un seul et même mouvement, tandis que le bracelet fluide, composé de fines lignes de diamants, figure l’eau sur laquelle repose délicatement la fleur.

Autre maison à avoir remporté deux trophées ce soir-là, Parmigiani Fleurier avec ses modèles Tonda Chronor Anniversaire (Prix du Chronographe) et Toric Hémisphères Rétrograde (Prix de la Montre à Fuseaux Horaires). Présenté pour les vingt ans de la marque, le premier modèle dévoile un cadran en émail grand feu, un chronographe à rattrapante régi par deux roues à colonne et une grande date. Renfermant un mouvement intégralement manufacturé en or rose, ce dernier bat au rythme de 36’000 alt/h. Le second possède deux fuseaux horaires dotés chacun d’une précision à la minute et un quantième rétrograde instantané indiqué par la troisième aiguille centrale. Michel Parmigiani, président-fondateur, et Steve Amstutz, vice-président et COO de la maison, sont montés sur scène afin de recevoir leur trophée.

Troisième maison à être primée deux fois, Bulgari s’est tout d’abord vue remettre le Prix de la Montre Homme pour son garde-temps Octo Finissimo Automatic. Cette pièce au design minimaliste et pourtant puissant sublime la lecture du temps. Avec son mouvement à remontage automatique extraplat de 2,23 mm, elle affiche une épaisseur totale de 5,15 mm pour un diamètre de 40 mm. Quant au modèle Octo Finissimo Tourbillon Squelette, il a remporté le Prix Tourbillon Echappement. Animée par un tourbillon volant extraplat et entièrement ajouré de 253 composants, cette pièce renferme un mouvement qui intègre un barillet maintenu par trois roulements à billes, permettant ainsi de doubler la hauteur du ressort de barillet pour finalement gagner plus de 80% de réserve de marche.

Créant la surprise, le jury a décerné à Longines le Prix spécial Revival, récompensant l’interprétation contemporaine d’un modèle ancien. Walter Von Kaenel, président de la maison imérienne, a exprimé sa reconnaissance envers l’équipe produit, la cheffe de ligne ainsi que les collaborateurs de l’ensemble Héritage qui ont tous joué un rôle important dans la conception de la montre primée Avigation BigEye.

Le Prix de l’Innovation est venu honorer Zenith et son oscillateur révolutionnaire qui rompt les principes horlogers jusque-là fermement établis. Garde-temps à la précision inégalable, le modèle Defy Lab est équipé de cette seule pièce, monolithique, façonnée en silicium monocristallin, dont l’épaisseur ne dépasse pas 0,5 mm. Cette avancée technologique remplace ainsi le traditionnel balancier spiral et la trentaine de ses composants.

Dans un univers empreint de charme, le Prix de la Montre Dame a distingué le garde-temps Première Camélia Skeleton signé Chanel. Toute en transparence, cette pièce célèbre la féminité par excellence et dévoile des courbes particulièrement contemporaines. Avec finesse et légèreté, mouvement et lignes esthétiques semblent se confondre. Nicolas Beau, directeur international horlogerie de la marque, a reçu cette distinction, une belle consécration qui souligne les trente ans du modèle.

Poétique par excellence, la Lady Arpels Papillon Automate de Van Cleef & Arpels a été honorée par le Prix de la Haute Mécanique pour Dame. L’essence de la nature semble prendre vie dans ce garde-temps de 40 mm. Doté d’un module automate aléatoire et animation à la demande, il devient le terrain de jeu d’un papillon qui anime ses ailes de façon inégale, faisant écho au rythme de vie de sa propriétaire. Serti de gemmes bleus, mauves et violets, le cadran laisse place à des herbes bombées transparentes, habillées d’un dégradé vert-bleuté en émail plique-à-jour courbe, une nouvelle technique de la maison.

Le Prix de la Montre Calendrier est revenu à la maison Greubel Forsey pour son modèle QP à Equation. Totalisant pas moins de 624 pièces, trois brevets ainsi que la combinaison de deux inventions, ce concentré de technicité a nécessité huit ans de travail. Il présente un quantième perpétuel intégrant une équation du temps. Afin de réaliser cette complication, un ordinateur mécanique - situé à l’arrière de la montre - a été nécessaire, permettant de simplifier l’ergonomie et la lisibilité des diverses fonctions, ainsi que la correction rapide bidirectionnelle par le biais de la couronne. Stephen Forsey, CEO de la maison, a reçu le prix des mains de Pierre Maillard, rédacteur en chef d’Europa Star, et Zhixiang Ding, éditeur et rédacteur en chef de Chronos China.

Philippe Dufour, horloger concepteur, a révélé la montre remportant le Prix Exception Mécanique. Les Cabinotiers Celestia Astronomical Grand Complication 3600, signée Vacheron Constantin, a séduit le jury par son concentré de technicité. Cette pièce unique réunit ingénieusement astronomie et art horloger dans une composition étoilée en or blanc. Au total, 23 complications s’égrènent au recto et au verso de la montre, dévoilant ainsi une lecture de l’heure en trois temps - civil, solaire et sidéral, chacun bénéficiant de son propre train de rouages -, un tourbillon ainsi qu’une réserve de marche de trois semaines.

Le Prix de la Petite Aiguille récompense à chaque édition un garde-temps dont le prix ne dépasse pas 8’000 francs. Cette année, il a été remis à Tudor pour le modèle Black Bay Chrono. Equipé d’une réserve de marche de 70 heures, d’un spiral en silicium, le calibre qu’il renferme est certifié COSC. Il présente une robustesse et une fiabilité hors-normes, il est le fruit d’une collaboration avec Breitling, bénéficiant ainsi du savoir-faire en matière de conception et de fabrication des deux marques.

Voué au monde nautique, le garde-temps Marine Regatta de Ulysse Nardin s’est vu remettre le Prix de la Montre Sport. Equipé d’un compte à rebours à aiguilles - réglable de 1 à 10 minutes -, ce chronographe de régate est véritablement taillé pour la compétition. A la fin du décompte, la trotteuse bidirectionnelle repart dans le sens horaire et entame alors le chronométrage de la course. Cette fonctionnalité se dédie au monde maritime de manière claire, intuitive et précise.

Véritable chef-d’œuvre horloger, la montre Aki-No-Kure de Voutilainen a été primée en recevant le Prix de la Montre Métiers d’Art. Ce modèle dévoile des contrastes saisissants entre la sobriété du boîtier et le cadran finement laqué, aux mille et unes nuances. Bénéficiant d’une tradition artistique japonaise, cette création a nécessité beaucoup plus de mille heures de travail minutieux afin d’obtenir un cadran, des ponts ainsi qu’un double fond finement œuvrés. Les matières premières utilisées pour cette réalisation sont de la poussière et des feuilles d’or, du Yakou-gai (coquillage vert en forme de turban) et l’Awabigai (coquillage d’ormeau de Nouvelle-Zélande). Cette pièce unique - entièrement manufacturée à la main - est la parfaite symbiose entre tradition nippone et haute horlogerie suisse.

Bain de foule et de bulles ont clos cette 17e édition dans une atmosphère conviviale. Quant au repas de gala, il a permis aux convives triés sur le volet de prolonger les festivités.

23.11.2017