La maison Ferdinand Berthoud consacrée Aiguille d'or

La seizième édition du Grand prix d'horlogerie de Genève s'est tenue le 10 novembre dernier au Théâtre du Léman à Genève. Le jury et le public ont primé deux garde-temps contemporains liés au passé.

Présentée par le tandem Frédéric Beigbeder et Gaspard Proust, cette seizième édition du Grand prix d'horlogerie de Genève (GPHG) a pris ses quartiers au Théâtre du Léman de la Cité de Calvin. Vingt-sept experts de bords très différents se sont prêtés au jeu de la sélection des montres pour retenir au final 72 garde-temps répartis dans les différentes catégories. Karl-Friedrich Scheufele s'est vu remettre la récompense suprême, l'Aiguille d'or, pour le Chronomètre Ferdinand Berthoud FB 1. Il a reçu son trophée des mains de Stephen Forsey, CEO de Greubel Forsey, et Pierre Maudet, conseiller d'état genevois. Lorsque le coprésident de Chopard a découvert cette marque endormie depuis plus de deux cents ans, il décide de lui redonner vie afin de rendre hommage à ce maître horloger né dans le Val-de-Travers en 1727. Inspiré de l’horloge marine M.M. n° 6 créée en 1777 et conservée au L.U.CEUM, musée Chopard, le Chronomètre FB 1 renferme un mouvement pourvu d’un dispositif à force constante, d’une transmission de type fusée-chaîne et d’une superbe construction en piliers. Emu, Karl-Friedrich Scheufele a avoué son étonnement et sa fierté d'avoir remporté cette récompense suprême. Lui et toute son équipe ont donné beaucoup de temps et d'énergie à la création de cette pièce.

Le public a également mis l'histoire à l'honneur en décernant le Prix du public au garde-temps 33 bis Quai des Bergues de Czapek. Un beau cadeau d'anniversaire pour Xavier de Roquemaurel et Harry Guhl qui ont relancé la marque juste un an auparavant en dévoilant une première pièce inspirée de la montre de poche référence n° 3430 fabriquée par François Czapek à Genève vers 1850.

Entrecoupée par des prestations artistiques de danse et de chant, la valse des prix a suivi son cours. Le prix de la Montre Dame a été décerné à Piaget pour sa Limelight Gala Bracelet Milanais. La maison a également raflé le prix de la Montre Métiers d'Art pour son garde-temps Protocole XXL «Secrets & Lights»Venise Micro-Mosaïque. Composée de 5'000 minuscules tesselles de verre, cette pièce révèle une vue de Santa Maria della Salute et sa haute coupole dominant l'embouchure du Grand Canal.

Autre maison à avoir remporté deux trophées ce soir-là, Girard-Perregaux avec sa Cat's Eye Tourbillon sous Pont d'Or (Prix de la Haute Mécanique pour Dame) et La Esmeralda Tourbillon en or rose (Prix du Tourbillon), inspirée par le chronomètre de poche à Tourbillon sous Trois Ponts d’Or ayant remporté la distinction suprême à l’Exposition Universelle de Paris en 1889. Joli duo de cadeaux pour la manufacture qui fête son 225ème anniversaire cette année.

Dans un domaine plus masculin, le Prix de la Montre Homme a été remis à Grönefeld pour son modèle 1941 Remontoire. Le prix de la Montre Chronographe a été attribué au 1858 Chronograph Tachymeter Limited Edition de Montblanc. Delphine Favier, Managing Director de Montblanc Suisse, était l'une des rares personnes féminines à monter sur scène pour recevoir un trophée. Le Prix de la Montre Calendrier est revenu quant à lui à MB&F pour sa Legacy Machine Perpetual. Créée de concert avec l’horloger indépendant irlandais Stephen McDonnell, cette pièce est une totale réinvention de l'une des plus traditionnelles complications horlogères, le calendrier perpétuel. La LM Perpetual se caractérise par un calibre de 581 composants complètement intégré - pas de module monté sur un mouvement de base -, doté d’un système révolutionnaire pour calculer le nombre de jours de chaque mois. Côté esthétique, ce calendrier perpétuel réinterprète le design traditionnel de manière holistique, en présentant la complication dans son ensemble, et sans recours à un cadran, le tout surplombé d’un impressionnant balancier suspendu.

Si certaines montres impressionnent de par leur technicité, d'autres mettent en avant leur préciosité. Tel est le cas de la montre à secret «Signature Grenat» de Chanel qui s'est vue remettre le Prix de la Montre Joaillerie. Véritable ode à la beauté et à la féminité des diamants et des pierres précieuses, cette pièce rend hommage au motif matelassé iconique que Coco Chanel avait utilisé autrefois sur un petit sac rectangulaire muni d'une chaîne en guise de bandoulière. Au centre de cette montre-bracelet trône un grenat carmin taille coussin de 39,9 carats, qui se soulève délicatement et dévoile discrètement l'heure affichée sur un cadran lui aussi serti.

Au niveau des spécialités, signalons la maison Fabergé qui s'est vue remettre la première place de la catégorie Fuseaux Horaires pour sa Visionnaire DTZ. Grâce au calibre AGH 6924, conçu exclusivement pour la marque par Jean-Marc Wiederrecht (Agenhor), le second fuseau horaire s'affiche de façon originale au centre de la montre grâce à un système optique amplifiant la taille du chiffre du disque 24 heures. Dans le chapitre des exceptions, la maison Audemars Piguet a été distinguée par le Prix de l'Exception Mécanique pour sa Royal Oak Concept Supersonnerie, répétition minutes bénéficiant d'une intensité acoustique hors pair, d'une tonalité continue et d’une clarté absolue. Fruit de huit années de développement, elle est riche de trois innovations acoustiques, véritables prouesses technologiques brevetées.

Dans le domaine sportif, c'est Eberhard & Co qui est monté sur la plus haute marche avec son Scafograph 300. Réinterprétation contemporaine d'un modèle historique de la marque, cette montre de plongée mécanique à remontage automatique est dotée d'un boîtier acier étanche à 300 mètres.

Le Prix de la Petite Aiguille récompense à chaque édition un garde-temps dont le prix ne dépasse pas 8'000 francs. Il a été remis cette année à Tudor pour son Heritage Black Bay Bronze. Le Prix Revival couronne quant à lui la meilleure réinterprétation iconique d'une montre. TAG Heuer remporte la palme 2016 pour son Heuer Monza Chronographe. En 1976, Jack Heuer, arrière-petit-fils du fondateur de la maison, dessine un chronographe pour célébrer le premier titre de champion du monde de Niki Lauda chez Ferrari. La maison horlogère est alors chronométreur officiel de la Scuderia et c’est la première fois que l’inscription Monza fait son apparition sur le cadran d’une montre. Avec son inspiration très proche de l’esprit original, la réédition 2016 reprend les deux fonctions clés de la montre, à savoir le pulsomètre et l’échelle tachymètre, tout en conservant la même police de caractères.

Last but not least, le Prix Spécial du Jury a été remis à l'institution The George Daniels Educational Trust qui perpétue le savoir-faire de l'horloger anglais, inventeur du célèbre échappement co-axial. Le Prix du meilleur jeune élève a été remis à Marion Grandjean, étudiante à l'Ecole d'horlogerie de Genève. Elle a reçu une bourse de la banque Edmond de Rothschild, partenaire de l'événement pour la sixième année consécutive.

Avant cette soirée, les 72 montres finalistes ont été présentées à Séoul, Rome et Genève. Quant à elles, les montres lauréates ont ravi les visiteurs de la Dubai Watch Week du 15 au 19 novembre dernier.

Récompensant annuellement l'excellence du 12ème Art, le trophée du Grand prix d'horlogerie de Genève a été conçu et dessiné par le graphiste et designer genevois Roger Pfund. La main est le symbole du savoir-faire et de la maîtrise, essentiels dans les métiers de l'horlogerie. Inspiré de la fresque du plafond de la chapelle Sixtine, peinte par Michel-Ange, où Dieu effleure la main tendue d'Adam pour lui donner la vie, cet "oscar" symbolise également la mémoire et la transmission du savoir.

01.12.2016