
Lancée en 2021, l’Antarctique Rattrapante s’enrichit d’une innovation surprenante, qui magnifie la beauté du mécanisme côté cadran: le visage de métal d’un robot sculpté en titane, poli à la main puis gravé au laser. Dès que le chronographe s’enclenche, ses yeux changent de couleur: au départ, ils s’illuminent de jaune (clin d’œil aux Shrikes du film Mortal Engines). A l’arrêt, ils s’embrasent de rouge. Et lors de la remise à zéro, ils virent au bleu.
Un clin d’œil historique - et c’est le cas de le dire -, puisque le mot «robot» est dû à un certain Karel Čapek (orthographe tchèque). D’où l’idée de cette rattrapante-robot. Au début du 20e siècle, cet intellectuel s’inquiétait déjà du matérialisme scientifique. Sa pièce de théâtre R.U.R. (Rossum’s Universal Robots), où des hommes mécaniques conçus pour travailler sur des chaînes de montage se révoltent contre leurs maîtres humains, critique le potentiel déshumanisant de la science et de la technologie.
Dans les premiers brouillons de sa pièce, Čapek nommait ses créatures labori (du mot latin travail), avant d’adopter le terme tchèque roboti. Grâce à Čapek, le mot robot a pris la signification que nous lui connaissons, et sa pièce a ouvert la voie à des univers dystopiques tels que Terminator ou Blade Runner. Un siècle plus tard, ses questionnements résonnent encore dans nos débats sur l’automatisation, l’intelligence artificielle, le cloud, le transhumanisme…
Techniquement, la rattrapante est une aiguille exactement superposée à l’aiguille du chronographe, qui peut être arrêtée au moyen d’un poussoir à 10 heures, tandis que l’aiguille du chronographe poursuit sa course. Alors qu’à l’origine le mécanisme de la rattrapante se trouve normalement sous le calibre, les concepteurs l’ont littéralement retourné pour en révéler la beauté.
Dans la nouvelle Antarctique Rattrapante R.U.R. produite en édition limitée à 77 exemplaires, le mécanisme occupe en effet le devant de la scène, côté cadran. Un pont «tripode» central maintient un train de minutes satellite, ainsi que le mécanisme de rattrapante. Chaque moitié du mouvement est visuellement ancrée par une roue à colonnes: une à midi pour le chronographe et une à 6 heures pour la rattrapante.
Avec ce dispositif, le regard se concentre souvent sur le mouvement des aiguilles. Sur l’Antarctique Rattrapante R.U.R., grâce au changement de couleur des yeux du robot, l’attention se porte directement sur la complexité et la beauté du mécanisme. Le robot est placé sur la roue à colonnes du chronographe, de sorte que chaque clic des colonnes déclenché par l’activation des poussoirs stop-reset-start se traduise par un changement de couleur des yeux.
25.9.2025