La SSC est fidèle à ses valeurs depuis un siècle

Les fondements de la SSC ont vu le jour en 1924, au cœur du Palais de l’Athénée, à Genève. En un siècle, ils n’ont pas pris une ride. Plateforme d’information, de partage et de valorisation des connaissances, l’entité est un lien précieux entre les diverses institutions de formation et l’industrie horlogère.

Depuis le 1er janvier dernier, le nouveau Bureau genevois de la Société suisse de chronométrie (SSC) a pris ses fonctions. A la présidence, Olivier Kuffer a la lourde tâche d’organiser les festivités du centenaire de la société, épaulé par son équipe. Ce féru de technologie dévoile les premiers engagements de ce mandat triennal, dont une participation inédite au salon EPHJ, en juin prochain, à Genève.

Historique
Le 5 octobre 1924, à l’occasion du centenaire de l’Ecole d’horlogerie de Genève, la SSC naissait, au cœur du Palais de l’Athénée, à Genève, avec pour but la normalisation des systèmes déployés autour de la notion du temps précis. L’idée de constituer une telle société a émané de la Chambre suisse de l’horlogerie et fut conduite par Léopold Defossez, alors directeur de l’Ecole d’horlogerie du Locle. Afin de fonctionner le plus librement possible, l’entité se veut indépendante des groupements professionnels, patronaux ou ouvriers et accessible à tous ceux que la mesure du temps intéresse (mathématiciens, physiciens, techniciens, horlogers et chefs d’entreprises). Les premiers dirigeants se mettent donc à la tâche dans un réel souci d’impartialité. Dans un premier temps, ils poseront les bases d’une association susceptible de fédérer les volontés nationales pour, dans une seconde phase, défendre les intérêts du pays sur la scène internationale.

Dès lors, la SSC n’aura de cesse de rapprocher les milieux scientifiques, techniques, artistiques et historiques (savants travaillant dans les laboratoires de physique et de chimie, domaine de la formation professionnelle) des milieux pratiques (techniciens, régleurs et industriels). A ce titre, la composition des membres du premier comité reflète le désir de neutralité de la société, au sein de laquelle se trouvent tant des représentants de l’industrie que des personnes actives dans le domaine de la formation.

A l’heure où on ne parlait pas encore d’informatique, le partage de données se faisait essentiellement par le biais de documents écrits. Lors de l’Assemblée générale de 1925, il fut décidé de créer une «bibliothèque chronométrique», constituée par les périodiques reçus ainsi que par les ouvrages offerts ou achetés. Afin d’enrichir cette librairie, la société s’est attelée à la conception d’un «répertoire des brevets», alors inexistant. Une tâche titanesque qui a permis de regrouper quelque 120’000 actes, répertoriés manuellement au sein de 60 classeurs, constamment tenus à jour.

Au terme de ces avancées d’envergure, la SSC s’est concentrée sur l’harmonisation de la notation de l’avance, ou du retard, des chronomètres lors des concours de réglage. Elle se focalisera également sur la définition du mot «chronomètre», qui sera établie en 1952, à savoir «une montre de précision, réglée dans différentes positions et sous températures variées, ayant obtenu un certificat officiel de marche».

A la fin des années 1980 naissent les Journées d’étude. Ces rencontres entre pairs présentent des thématiques de plus en plus variées, tant au niveau des innovations de procédés (usinage) que de celles liées aux produits (matériaux, mouvements ou habillage). Ce rendez-vous annuel très couru perdure encore aujourd’hui. Chaque automne, quelque 800 personnes se retrouvent ponctuellement pour partager les avancées technologiques et scientifiques liées aux garde-temps.

Festivités du 100e anniversaire
Le début des festivités de la SSC aura lieu le 13 juin prochain, au cœur du Palais de l’Athénée, dans le lieu même où la société a été fondée il y a un siècle. Cet édifice, dont la construction s’est terminée en 1864, est l’œuvre de Jean-Gabriel Eynard et de sa femme Anna qui mandatèrent la construction à leurs frais pour y loger la Société des arts de Genève, fondée en 1776. Sur le faîte d’une porte figure encore l’inscription «La Société suisse de chronométrie a été fondée à l’Athénée le 5 octobre 1924». Quel lieu plus symbolique pour commémorer ce centenaire!

Les célébrations se poursuivront le 24 septembre prochain avec une soirée de gala qui se déroulera dans le Bâtiment des forces motrices de Genève, suivie, le lendemain, par la Journée d’étude qui prendra place au cœur du nouveau Portail des sciences du CERN. Cette année, la thématique portera sur «Les artistes du temps». Ces deux rendez-vous, l’un avec l’histoire, l’autre avec la science, clôtureront cette importante étape. Retracer le passé permettra à la SSC de mieux se plonger vers l’avenir.

Même si le moment ne sera pas festif mais très professionnel, la SSC participera, pour la première fois de son existence, au salon EPHJ, à Genève. Le stand sera situé vis-à-vis de celui de l’Ecole d’horlogerie de Genève et une unité graphique reliera les deux entités. Cet événement permettra à la société de présenter ses activités à un vaste public et d’accroître également le nombre de ses membres.

Récompenses
Tout au long de son centenaire, la SSC a récompensé les travaux réalisés par ses membres par différents prix: Prix SSC, Prix d’émulation, Distinction pour travaux pratiques exceptionnels, Membre honoraire ou encore Médaille d’or. Cette dernière, qui honore une carrière ou un rôle technique fort, existe toujours, mais n’est pas forcément remise chaque année. A ce jour, 18 personnes l’ont reçue, la 19e sera distribuée cette année. François Habersaat, ancien président de la FH, fut désigné membre d’honneur de l’association en 2005.

Très populaire, le Concours de réglage challenge chaque année une vingtaine de centres de formation, écoles d’horlogerie, centres d’apprentissage ou encore ateliers privés. La SSC accorde une grande importance à cette collaboration avec les écoles qui apporte beaucoup de positivisme chez les jeunes et crée des liens entre eux. Dans le cadre de certaines écoles, ce concours fait même partie du cursus de formation.

Si le Concours de réglage récompense les futurs horlogers pour leur adresse, il est temps de relancer un prix qui gratifierait les idées ou des travaux des jeunes ingénieurs. Un prix SSC Innovation sur lequel le Bureau et le Comité actuels planchent.

Banque de données chronométrie
Depuis ses débuts, la SSC n’a eu de cesse de partager l’information et de mettre en lien les milieux de la recherche avec ceux de la technique. Si ce partage se faisait autrefois par le biais du papier, une base de données, la BDchrono, a vu le jour en 1993. Elle recense tous les écrits historiques, les actes des Journées d’étude et Congrès de la chronométrie, mais aussi des articles scientifiques et techniques issus d’autres sources d’information horlogère. Ce puits de science inédit, dans lequel il fait bon se perdre - paroles de techniciens -, est continuellement mis à jour.

Bulletin de la SSC
Pour marquer cet anniversaire, le Bulletin de la SSC, parution biannuelle, arborera le nouveau logo de la société. Cette riche source d’informations invite ses lecteurs à partager leurs connaissances et découvertes sous la forme d’articles, que ce soit sur des sujets techniques, des aspects liés à la formation ou encore des pans de l’histoire de l’horlogerie. Il informe également sur la société, ses actualités et ses activités, et offre une vue d’ensemble du milieu horloger, ses acteurs, ses innovations, son histoire et ses défis.

Bureau de la SSC
Organe directeur de la SSC, le Bureau fonctionne sur un mode triennal et par tournus sur la base de quatre régions définies: Berne-Jura-Bâle-Suisse alémanique, Neuchâtel, Vaud-Valais-Fribourg-Tessin et Genève. Le Bureau genevois, qui a pris ses fonctions le 1er janvier dernier, est conduit par Olivier Kuffer, président SSC et sous-directeur du département Recherche et développement de Rolex; Philip Barat, vice-président de la Commission scientifique SSC et directeur du département Recherche et développement de Patek Philippe; et Daniel Bolognesi, vice-président de la Commission historique SSC et responsable du département Horlogerie de Chopard. C’est la première fois qu’une commission historique voit le jour au sein d’un Bureau, tout comme une double vice-présidence. Le centenaire de la société, et toutes les recherches qui y sont liées, ont nécessité cette innovation.

Présidents de la SSC
Avant de prendre son poste à la tête de la SSC, Olivier Kuffer a tenu à rencontrer les neuf présidents qui l’ont précédé. Riches de leurs expériences respectives, ils couvrent à eux seuls 27 années de direction. Conscient de ce que chacun pourrait amener à la société, Olivier Kuffer souhaite réfléchir, avec eux et le Comité, sur le meilleur chemin à prendre pour lancer la SSC dans son deuxième centenaire.

Si la SSC est restée fidèle à ses premiers fondements depuis un siècle, elle n’en est pas moins tournée vers l’avenir, attentive aux attentes de ses membres et de la branche horlogère. Elle aborde ce nouveau centenaire avec confiance, face aux défis et interrogations qui attendent l’horlogerie.

06.6.2024