André Martinez artisan de pièces d'exception

L’Atelier André Martinez réalise chaque année des pièces d’exception destinées à la haute horlogerie.

C’est au cœur d’une maison familiale, située aux abords du Locle, que ces créations prennent vie. Véritable œuvre d’art, chaque pièce transforme le temps en un moment d’exception.

De l’extérieur, rien ne suppose que cette maison familiale renferme un lieu où la création tutoie la perfection. Sis à la rue des Sorbiers 10 au Locle, l’atelier compte six artisans - dont deux en formation - qui accomplissent un travail de haute qualité et de grande précision. Uniques ou en série de quelques dizaines de pièces, les créations qui passent entre leurs mains se destinent à 99% à l’horlogerie. Chaque année, environ 400 pièces sortent de l’atelier, chacune demandant entre une dizaine et une centaine d’heures pour sa réalisation.

La technique phare? La peinture miniature en laque synthétique. Le travail se résume en trois mots: binoculaire, pinceaux et laque. A cela s’ajoute une bonne dose de patience, de minutie, de maîtrise de soi et surtout une conscience professionnelle qui pousse à ne jamais laisser tomber. Que ce soit un cadran complet ou une partie des composants, chaque pièce est réalisée avec le même soucis du détail.

La laque et l’émail à froid utilisés répondent aux normes NIHS et offrent une excellente résistance à l’exposition aux UV, à l’arrachage, aux acides et alcalins. Les motifs peints ou laqués sont cuits pour le séchage à environ 90°, ce qui permet de travailler sur tous les supports tels que l’or, la nacre, les pierres dures ou encore le bois. La très grande adhérence et la souplesse des produits utilisés pour réaliser les œuvres permettent de peindre sur des supports d’une infime épaisseur sans risques de rupture ou de dégâts lors de la torsion ou du montage.

L’atelier
A la tête de l’atelier, André Martinez. Ce passionné dans l’âme réalise chaque pièce avec la même attention et un souci du détail qui le pousse à ne jamais baisser les bras. C’est d’ailleurs ce qui lui permet de réaliser un travail qui répond aux exigences les plus poussées. «Quand les clients attendent quelque chose de vous, cela rend le travail passionnant. Notre plus grande satisfaction, c’est lorsque les pièces commandées ne reviennent pas en retour. Par exemple, quand vous réalisez une centaine de cadrans pour une grande marque, et qu’aucun ne revient, on se dit qu’on a accompli un bon travail».

Il y a 25 ans, il a été le premier artisan en Suisse à proposer de la peinture miniature sur nacre. Tout a commencé avec cette question: et si cela plaisait aux grandes maisons horlogères? L’histoire est simple. Ses quelques premières créations en poche, il s’est arrêté devant une vitrine de renom, afin d’admirer les pièces exposées. Un collaborateur de la boutique prenant quelques minutes de pause à ses côtés, un premier échange et la magie des pièces de nacre opère, séduit et enchante. Une première collaboration avec la marque - nulle autre que Bovet 1822 - débouchera jusqu’à ce jour sur une renommée reconnue par tous les acteurs de la haute horlogerie.

«Pour concrétiser les premiers projets et développer les garde-temps, les maisons horlogères avaient parfois besoin de dix ou vingt exemplaires. Cela m’a amené à engager du monde afin d’assurer les commandes». Véritable pionnier de cette technique, il a ainsi formé une douzaine de personnes qu’il a rencontré grâce à la vieille méthode du bouche à oreille.

Installé dans sa propre maison, André Martinez a également insufflé cette passion pour l’infiniment petit à son épouse il y a onze ans. Le voyant quotidiennement s’atteler à la tâche, elle eut l’envie d’essayer le laquage. Rapidement, celle qui était alors sommelière quitta son emploi pour s’engager pleinement dans l’atelier. «C’était une révélation. Elle s’y est mise assez facilement et réalisait au final des laquages meilleurs que les miens».

Les créations
D’une montre extrêmement sobre à celle qui est complètement farfelue, en passant par une pièce de haute joaillerie, chaque création est élaborée avec la même exigence. Les artisans de l’atelier ont vu passer entre leurs mains des pièces qui les ont marqués de près ou de loin, soit par la difficulté du dessin à reproduire, soit par l’émotion que représentait l’objet. Quoi qu’il en soit, chaque pièce est fascinante à réaliser car elle répond à l’attente d’un client.

«A nous de nous appliquer pour réaliser parfaitement tout ce qu’on nous donne. Tout est fait à la main et tout doit sortir de cette maison avec une qualité irréprochable. Des pièces nous touchent plus que d’autres, par exemple les portraits d’enfants, ou les effigies de personnes disparues. Parfois, il y a beaucoup d’émotions… l’exercice n’en est que plus difficile» s’exprime André Martinez.

Rien ne sort de l’atelier sans avoir été maintes fois contrôlé, tout est validé ou retouché si besoin par le maître des lieux. Cela garantit non seulement une qualité optimale mais également une constance, de la première à la dernière pièce.

Au-delà des frontières
Plusieurs fois par année, André Martinez est invité par les marques clientes afin de faire découvrir son art. «Le client final ne se rend pas toujours compte du temps requis pour réaliser une peinture miniature. Aux travers d’ateliers pratiques orchestrés de part le monde, en étroite collaboration avec les maisons horlogères, on lui donne l’opportunité de suivre l’évolution d’un cadran. Le travail est alors apprécié à sa juste valeur. On a besoin de montrer que tout se fait vraiment à la main et au pinceau. Lors de mes voyages, ma petite valise, qui contient l’essentiel de mon travail (pinceaux, kit des couleurs de base et quelques cadrans) ne me quitte pas… Perdurer le métier? Oui, c’est important mais c’est aussi une façon de repousser les limites, d’aller plus loin, de rester le meilleur, de continuer à s’améliorer, car dans ce métier, on ne peut pas s’endormir. Il nous faut aller de l’avant, innover et ne pas s’assoir sur nos acquis».

En quelques mots
Bijoutier, joaillier, sertisseur et maître d’apprentissage, André Martinez a fait ses études à l’Ecole d’art appliqués de La Chaux-de-Fonds. Dès la fin de sa formation, il s’oriente vers le domaine de la montre haut de gamme qui lui offre de grandes possibilités dans la création et l’expression de ses passions artistiques. Un grand cadranier de la région chaux-de-fonnière lui propose alors de créer un département joaillerie, défi que André Martinez relève avec succès puisqu’après dix ans, les voilà numéro un en Suisse. Cette passion du dessin artistique qui sommeille en lui le rappelle alors. Fort d’une solide expérience dans le domaine du cadran, il se lance, en 1996, dans la peinture artistique miniature - tout d’abord sur nacre - qui rencontra rapidement un franc succès.

09.1.2020