Mission officielle au Japon

Le Conseiller fédéral Guy Parmelin et le Ministre d'Etat de l'économie, du commerce et de l'industrie, Yoshihiko Isozaki

Troisième économie mondiale, derrière les Etats-Unis et la Chine mais devant l'Allemagne, fort de ses 127 millions d'habitants, le Japon est un partenaire économique incontournable pour la Suisse.

Après une belle croissance du PIB en 2017 (+1,7%), celle-ci faiblit depuis. Elle n'a atteint que 0,8% en 2018, n'atteindra que 1% en 2019 et vraisemblablement 0,5% en 2020. Après six ans "d'Abenomics" (politique économique du premier ministre Shinzô Abe), la croissance n'est toujours pas assurée sur le long terme. Il faut aussi dire que l'endettement pour un pays de l'OCDE est record, à savoir 240% du PIB, ce qui restreint la marge de manœuvre du gouvernement pour des réformes structurelles.

Malgré un taux de chômage très bas (2,2%), les salaires ainsi que la consommation privée n'évoluent guère et les entreprises restent prudentes dans leurs investissements. Ainsi, le gouvernement a repoussé une nouvelle augmentation de l'impôt à la consommation bien qu'elle ait déjà été décidée (de 8% à 10%). En outre, la Banque du Japon vise une inflation à 2%, mais celle-ci est restée à 1% en 2018. Enfin, le pays est confronté au vieillissement de ses habitants et à une baisse de la population active, sachant qu'il ne connaît pratiquement pas d'effets migratoires. Face à la pénurie de main d'œuvre, la population japonaise décroît régulièrement et le travail des séniors prend toute son importance. En plus, pour la première fois, le Japon va accepter l'engagement de travailleurs étrangers en nombre pour des secteurs bien précis (construction, agriculture, soins).

Sur le plan bilatéral, le Japon est le quatrième partenaire économique de la Suisse, après l'Union européenne, les Etats-Unis et la Chine. La balance commerciale entre la Suisse et le Japon est largement favorable à notre pays. L'horlogerie est le deuxième secteur d'exportation helvétique à destination du Japon, derrière les produits pharmaceutiques et devant les secteur "pierres précieuses / métaux précieux / bijouterie", "instruments optiques et médicaux", ainsi que les machines. Les importations se composent principalement des secteurs "métaux précieux / bijouterie", "véhicules et avions", pharmaceutiques et des machines. A noter que le Japon est le plus grand investisseur asiatique en Suisse, alors que notre pays est le septième investisseur au Japon.

Pour l'industrie horlogère suisse, le Japon constitue donc un marché important depuis fort longtemps. En effet, l'ambassadeur mandaté par le Conseil fédéral - Aimé Humbert-Droz - pour établir des relations diplomatiques avec le Japon, il y a 155 ans, venait du secteur horloger. Depuis, les montres suisses ont toujours été présentes sur l'Archipel et elles le sont aujourd'hui plus que jamais.

En 2018, les exportations horlogères à destination du Japon, quatrième débouché pour la branche au plan mondial, se sont situées à 1,3 milliard de francs, ce qui représente 20% du total des exportations suisses à destination de l'Archipel. En 2019, après six mois, la valeur de nos exportations se chiffre à 798 millions de francs, présentant une augmentation de 21,8% par rapport à 2018.

C'est dans ce contexte qu'a pris place cette mission officielle suisse, dont les travaux ont débuté au Nicolas G. Hayek Center (Swatch Group Japon) à Ginza et se sont poursuivis auprès des différents ministères et organismes économiques japonais. Les discussions notamment avec le Ministre d'Etat de l'économie, du commerce et de l'industrie, Yoshihiko Isozaki, ont porté sur les relations bilatérales qui sont au demeurant excellentes. Il convient de les renforcer cependant et ce pourrait être par une modernisation de l'accord de libre-échange entre les deux pays. Cette amélioration de l'accord pourrait porter en particulier sur l'agriculture, par exemple les produits agricoles transformés, les marchés publics, les barrières techniques au commerce, ainsi que certains processus biotechnologiques. Il faut dire que l'Union européenne et le Japon ont conclu un accord de libre-échange qui va plus loin que l'accord Suisse-Japon et il convient d'éviter que les entreprises suisses soient moins bien positionnées au Japon que les entreprises européennes. La question des services et en particulier celle des services financiers mérite également un nouvel examen. Les différents entretiens sont encourageants mais ils doivent maintenant être concrétisés. Or, il semble que le Japon veuille dorénavant mettre l'accent sur le multilatéralisme (OMC) et le régionalisme (Trans-Pacific Partnership, Union européenne) plutôt que sur le bilatéralisme. L'avenir nous dira comment de nouvelles négociations pourraient s'engager. En ce qui concerne l'horlogerie suisse, les conditions-cadres sont bonnes au Japon et il s'agit de veiller à ce qu'elles le restent.

 

19.8.2019