«La neuchâteloise» à l'honneur de deux expositions

Une même thématique, la pendule neuchâteloise. Deux expositions qui abordent le sujet sous deux angles différents et proposent au public de découvrir ou redécouvrir l’histoire de cet objet mythique apparu au 18ème siècle.

Quel est le point commun entre le roi de Prusse Frédéric II, Ferdinand VI roi d’Espagne, Le Corbusier, la princesse Grace de Monaco, le président américain Ronald Reagan, le secrétaire général du parti communiste de l’URSS Mikhaïl Gorbatchev, le skieur alpin Bernhard Russi et les conseillers fédéraux Paul Chaudet, Pierre Aubert et Pascal Couchepin? Tous ont été ou sont encore propriétaires d’une pendule neuchâteloise!

En 2017, soit exactement un siècle après la publication par Alfred Chapuis de son «Histoire de la pendulerie neuchâteloise», alors que les regards des manufactures, des médias et des amateurs d’horlogerie sont tournés vers la montre connectée et ses potentielles conséquences économiques, sociales et culturelles, la pendule paraît bien loin des préoccupations. Son histoire, parsemée de succès et de difficultés du 18ème siècle à nos jours, demeure peu connue. Le Musée d’horlogerie du Locle - Château des Monts et le Musée international d’horlogerie (MIH) reconsidèrent l’histoire et le destin de «la neuchâteloise» dans une double exposition multilingue d’envergure internationale.

L’exposition «La neuchâteloise», présentée de façon complémentaire et simultanée au Locle et à La Chaux-de-Fonds jusqu’au 8 octobre 2017, atteste de la collaboration des deux musées horlogers du canton de Neuchâtel qui réunissent la plus conséquente collection du genre. Elle valorise un patrimoine qui leur est cher, en le restituant dans son contexte d’origine d’une part et, d’autre part, en le dévoilant sous un nouvel éclairage.

Château des Monts
Le Musée d’horlogerie du Locle aborde la technique du mouvement à travers les époques. Il permet d’appréhender l’art typiquement régional de la pendulerie neuchâteloise. L’exposition met en lumière les développements mécaniques de la pendule neuchâteloise depuis la première moitié du 18ème siècle jusqu’à nos jours et explique l’évolution de ses complications. Le visiteur aura le plaisir de découvrir les caractéristiques et les spécificités des mouvements, exposés hors de leurs cabinets et en quelque sorte «mis à nus», pour mieux les contempler et les apprécier. A travers un parcours jalonné des plus grands noms de la pendulerie neuchâteloise, l’exposition montre que l’évolution des mécanismes n’est pas seulement visible en termes techniques, mais également en termes esthétiques.

En effet, les modifications apportées à travers le temps aux quadratures et aux sonneries trahissent les soucis d’amélioration de leurs constructeurs, ainsi que l’ingéniosité de ceux-ci. Le public (re)découvre une production exceptionnelle, notamment du point de vue mécanique, qui témoigne de l’intense activité des penduliers neuchâtelois - certains plus célèbres que d’autres - sur plus de trois siècles. Les penduliers neuchâtelois s’inspirent d’une tradition, s’adaptent et innovent constamment afin de faire face aux progrès de la concurrence, de correspondre au mieux aux goûts du temps et de séduire les amateurs. Les mêmes logiques productives se distinguent également des créations industrielles plus récentes. Débordant d’histoire et de finesse technique, ce riche corpus d’œuvres rend hommage au savoir-faire et à l’habilité des plus fines limes de l’époque.

Musée international d’horlogerie
Le Musée international d’horlogerie propose dans sa grande salle d’exposition un circuit thématique divisé en trois parties. Après une introduction en lien avec la commémoration de l’ouvrage d’Alfred Chapuis, le premier chapitre de l’exposition traite des artisans à la base des pendules neuchâteloises. A côté des horlogers figurent une quantité de métiers plus ou moins bien connus indispensables à la réalisation d’une pendule: fabricants d’aiguilles, de ressorts, de cadrans, de bronzes, ébénistes et autres peintres en cabinets. Ces métiers sont présentés au travers d’une iconographie et de pièces détachées pour en montrer les procédés de fabrication et la diversité. Le deuxième volet retrace le développement de la pendule neuchâteloise et son succès grandissant au 18ème siècle, avant les revers et renaissances des 19ème et 20ème siècles. Un panorama, reflet de l’évolution des styles et des modes, est brossé de manière didactique. Les réussites commerciales sont présentées au travers de quelques noms emblématiques qui ont donné une dimension internationale à la production neuchâteloise. La question de la transmission des savoir-faire, dans les ateliers puis au travers des écoles, est aussi abordée. Le dernier chapitre traite de l’image de la pendule neuchâteloise. L’iconographie du 20ème siècle relate d’une pendule présente dans bon nombre d’intérieurs neuchâtelois, chargée d’une forte empreinte symbolique, quand bien même son importance économique pour le canton est très en deçà de ce qu’elle pouvait représenter deux siècles auparavant.

Publication
Les problématiques qui structurent les expositions font l’objet d’articles spécialement édités pour l’occasion aux Editions Alphil. Les réponses apportées dans la présente publication ne se veulent pas exhaustives, mais sélectives. Le volume de 230 pages réunit les contributions d’une quinzaine d’auteurs d’horizons différents, historiens et techniciens de l’horlogerie. Sa préface est signée Alain Berset, conseiller fédéral. Il se veut être tant un outil de synthèse sur la pendule neuchâteloise que le reflet de la manière d’aborder l’histoire de cet objet aujourd’hui.

Evénements
En marge des expositions, une série d’évènements sont au rendez-vous. Pour inviter le public à découvrir les multiples facettes de cette thématique, les deux musées partenaires proposent des visites guidées, des activités lors de la Nuit des musées neuchâtelois, de la Journée internationale des musées et des Journées du patrimoine. Une conférence de clôture évoquera l’avenir de la pendule neuchâteloise.

Sur les deux sites, des activités spécifiquement pensées pour le jeune public sont à disposition des familles. Plus d’informations sous: www.mih.ch et www.mhl-monts.ch.

24.5.2017