Les Chinois débarquent en Suisse !

Jusqu'à présent, les contrefacteurs ne se sont jamais vraiment intéressés au marché helvétique. Contrairement aux grands pays de tourisme que sont l'Italie, la France ou encore l'Espagne, la Suisse ne connaît pas encore le phénomène des vendeurs de rue qui harcèlent le badaud pour lui faire miroiter l'affaire de sa vie: la vraie fausse montre de marque en or massif plaqué, mouvement suisse de fabrication chinoise, automatique à quartz, étanche à l'eau mais pas à la poussière, pour le prix absolument imbattable de 50 francs. Une situation qui est toutefois malheureusement peut-être en train de changer.

En effet, depuis le début du mois de janvier, les services douaniers suisses ont intercepté plusieurs ressortissants chinois, en provenance de France, qui tentaient d'introduire "sous les sapins" de grandes quantités de montres contrefaites. Selon les premiers éléments de l'enquête, il semble bien qu'une organisation chinoise ait décidé de s'attaquer au marché helvétique pour écouler des produits contrefaits, au rang desquels figurent naturellement des montres portant les plus grandes marques suisses et imitant les modèles les plus connus.

La stratégie adoptée paraît claire: des groupes de passeurs de deux ou trois personnes se répartissent les entrées en Suisse le long de la frontière française, de Bâle à Genève. Tous les postes de douane sont visés. On multiplie ainsi les chances de succès. Les montres sont transportées dans des sacs de sport, en vrac, par lot d'une centaine. Une fois la douane franchie sans encombre, il s'agit de reconstituer un stock central où les vendeurs pourront venir s'approvisionner. Les consignes de gare peuvent être utilisées à cet effet. Ensuite de quoi, on se répartit le marché et on tente d'écouler la "camelote" dans les lieux publics (restaurants par exemple).

Les montres que le service anticontre-façon de la FH a pu examiner sont de piètre qualité. Elles ne sauraient induire en erreur le citoyen suisse lambda. D'ailleurs, les vendeurs ne se cachent pas de présenter à la vente des imitations. Seul le prix sans concurrence est un argument. Toutes ces montres sont fabriquées entièrement en Chine. Elles sont ensuite exportées vers l'Europe.

D'après les informations recueillies de source proche de l'enquête, il semble qu'un stock principal a été constitué en région parisienne, alimenté par conteneurs entiers. Les instigateurs de ce trafic utilisent alors les centaines de ressortissants chinois réfugiés en France pour effectuer la basse besogne sans courir eux-mêmes le moindre risque. Les malheureux "porteurs de sacs", quand ils se font épingler, perdent leur carte de réfugié et sont renvoyés en Chine.

Les différentes polices cantonales sont sur la brèche. On peut donc croire qu'il sera mis fin à ce "péril jaune" très prochainement. Dans l'intervalle, espérons simplement que les citoyens suisses ne se rendront pas complices de cette nouvelle forme d'esclavage, version post-moderne.

28 février 2002