Compte tenu de la crise asiatique, l'horlogerie suisse a réalisé une année 1998 remarquable. Selon les chiffres définitifs de la Direction générale des douanes, les exportations ont atteint le montant jamais égalé de 8,422 milliards de francs, soit 1,3% de plus qu'en 1997. Ce résultat d'ensemble repose principalement sur l'expansion des sept premiers mois, le climat des affaires s'étant légèrement dégradé par la suite. La demande en provenance d'Asie a, certes, fortement baissé depuis le début de l'année, mais ce mouvement a été compensé par la croissance des ventes sur les marchés américain et européen.
La situation particulière des entreprises de la branche s'est parfois fortement écartée de la moyenne. Certaines sociétés ont amélioré leur résultat tandis que d'autres, plus orientées vers les marchés asiatiques, ont fait face à d'importantes turbulences. Ce contraste devrait se maintenir en 1999.
Les produits
Le recul des volumes, entamé en 1997, a pu être stoppé en 1998. Les horlogers suisses ont exporté 32,2 millions de montres complètes l'an dernier, soit environ 700'000 ou 2,2% de plus qu'en 1997, pour une valeur de 7,58 milliards de francs (+1,8%). Les exportations de montres en acier ont à nouveau fortement progressé. Les fabricants en ont exporté plus de 10 millions de pièces en 1998 (+20,6%), pour 2,82 milliards de francs (+24,6%). L'acier a confirmé sa présence dans tous les segments de prix et fait une incursion toujours plus marquée dans le moyen et le haut de gamme.
Les garde-temps en métaux précieux ont évolué dans un climat nettement moins favorable, la demande asiatique ayant fortement chuté pour ce genre de produits. Ainsi les exportations de montres en or ont-elles diminué de 2,1%, à 480'000 pièces, pour une valeur de 2,01 milliards de francs (-4,0%). Cette tendance récessive a aussi touché les montres bimétalliques (or-acier), dont les ventes ont fléchi de 5,1% en pièces et de 15,2% en valeur.
Le retrécissement du marché asiatique a en outre agi négativement sur les exportations de montres mécaniques. Celles-ci ne représentent plus que 7,9% du total, contre 9,3% en 1997. Leur part en valeur s'est réduite à 44,3%, contre 46,7% en 1997.
S'agissant des autres produits, la Suisse a exporté 5,99 millions de mouvements, soit 3,7% de moins qu'en 1997,pour une valeur en baisse de 1,4% (109,83 millions de francs). Dans le secteur de l'habillement, les exportations ont progressé en valeur, sauf pour les cadrans et les bracelets. Les articles de gros volume enfin (horloges,pendules...) n'ont pas pu ralentir l'érosion des ventes entamée en 1996 déjà et ont reculé de 13,7% en valeur.
Les marchés
Une redistribution régionale des exportations horlogères suisses s'est opérée en 1998. L'Asie n'en absorbe plus que 37%, contre 44% il y a une année. Les effets indirects de la crise (baisse des prix du pétrole, diminution de la fréquentation touristique) ont en outre entraîné un recul de 2,0% de la demande au Moyen-Orient.
En 1998, les quinze principaux marchés ont été les suivants (en millions de francs et variations en % par rapport à l'année 1997):
Hong Kong | 1,089.7 | -21.6% |
Etats-Unis | 1,346.4 | +14.2% |
Japon | 786.7 | +7.4% |
Allemagne | 719.1 | +6.5% |
Italie | 785.2 | +18.3% |
Singapour | 293.8 | -29.9% |
France | 509.9 | +16.1% |
Grande-Bretagne | 371.1 | +5.6% |
Thaïlande | 154.1 | -19.7% |
Taiwan | 148.9 | -19.1% |
Espagne | 293.8 | +41.3% |
Emirats Arabes Unis | 168.2 | -0.5% |
Arabie saoudite | 134.1 | -8.0% |
Autriche | 110.5 | -9.7% |
Pays-Bas | 102.7 | +27.4% |
A l'exception du Japon, la demande asiatique est restée déprimée en 1998. Ainsi, Hong Kong, Singapour, la Thaïlande et Taiwan enregistrent-ils à eux quatre un recul de 23,0%, soit un demi-milliard de francs. Malheureusement, la conjoncture ne devrait que lentement s'améliorer dans la région, ce qui laisse augurer d'un début d'année encore difficile.
La contraction des exportations vers l'Asie a été compensée par les ventes aux Etats-Unis et en Europe. Le premier débouché de l'horlogerie suisse a consolidé sa position en 1998 et devrait maintenir ce cap en 1999. En Europe, une croissance économique retrouvée a dynamisé les marchés, surtout italien, français et espagnol. La plupart des pays émergents, en Europe de l'Est et en Amérique latine, ressentiront les effets de la crise économique et financière en 1999.
16 février 1999