
Les meilleures créations horlogères ont été récemment distinguées lors de la 23e édition du Grand prix d’horlogerie de Genève. Parmi les 19 récompenses décernées, l’Aiguille d’or a été remise à Audemars Piguet. La maison Piaget a, quant à elle, reçu deux prix dans les catégories Montre métiers d’art et Montre dame.
Il y avait foule - quelque 1’300 personnes - le 9 novembre dernier, au Théâtre du Léman, à Genève, pour assister à la cérémonie de remise des distinctions du 23e Grand prix d’horlogerie de Genève (GPHG). Un rendez-vous incontournable pour les professionnels et les passionnés de montres, retransmis en direct sur le site Internet du GPHG, sur Euronews dans plusieurs langues, sur Hantang Culture, groupe de médias chinois qui a couvert l’événement sur ses nombreux canaux et, en différé, sur la télévision locale genevoise Léman Bleu. Répartis en 15 catégories, pas moins de 90 garde-temps et pendules étaient en lice pour décrocher l’un des 19 prix attribués. La soirée haute en couleur était animée par le facétieux maître de cérémonie Edouard Baer.
Dans son discours de bienvenue, Raymond Loretan, président de la fondation qui chapeaute le GPHG, s’est réjoui de voir ainsi réunie «la famille de l’horlogerie qui transcende la simple valeur du temps, qui repousse les frontières de la technologie en chérissant le talent et le génie des artisans». Rappelant que ce Grand prix a pour objectif de préserver et de promouvoir le patrimoine horloger, il a adressé ses félicitations «aux futurs lauréats, mais également à tous les autres qui font de leur passion un des piliers de notre industrie».
Signe de l’importance croissante du rendez-vous genevois, l’assistance a pu apprécier les propos louangeurs du conseiller fédéral Guy Parmelin qui, intervenant à distance, a souligné l’importance de la branche pour l’économie suisse, affirmant qu’«elle symbolise le génie helvétique. Pour le ministre de l’Economie que je suis, l’horlogerie est un peu comme un tapis rouge qui se déroule dans mes déplacements à l’étranger.»
Avec sa gouaille coutumière, Edouard Baer a rappelé qu’avant le verdict du jury, les garde-temps sélectionnés avaient parcouru le globe, faisant halte à Macao, Hong Kong, Kuala Lumpur, New York et finalement au Musée Rath, à Genève, pour permettre aux aficionados de belle horlogerie de les admirer. Et de préciser que si toutes les mesures de sécurité avaient bien sûr été prises pour ces longs déplacements, «les montres ont voyagé en soute, mais pas les accompagnants. Mais rassurez-vous, ils n’ont quand même pas volé en classe économique…» Après un passage au Moyen-Orient lors de la Dubai Watch Week, qui s’est tenue du 16 au 20 novembre, les 90 garde-temps seront encore exposés une dernière fois au Kunsthaus de Zurich, les 2 et 3 décembre prochains.
Au firmament
Comme chaque année, les 90 garde-temps étaient classés en 15 catégories (voir Palmarès 2023), avec chacune six prétendants. L’Aiguille d’or, récompense suprême, a été décernée à Audemars Piguet pour sa Code 11.59 by Audemars Piguet Ultra-Complication Universelle RD#4. Cette pièce unique, fruit de sept ans de travail, est la montre la plus compliquée jamais réalisée par la maison du Brassus. Dans son boîtier en or rose de 42 mm, ce garde-temps compte plus de 1’100 composants, totalise 40 fonctions, dont 23 complications. Notamment une grande et petite sonnerie, une répétition minutes, un quantième perpétuel, un chronographe flyback à rattrapante ou encore un tourbillon volant.
Très ému lors de la remise du prix, son PDG François-Henry Bennahmias a rendu hommage au génie humain qui a permis de créer cette pièce exceptionnelle, à ses équipes, bien sûr, mais aussi «à notre réseau de fournisseurs qui, tant de fois, nous a sauvé la vie». Celui qui va quitter l’entreprise à la fin de cette année en a profité pour souhaiter plein succès à Ilaria Resta, qui lui succédera en janvier prochain.
Parmi toutes les maisons présélectionnées, Piaget a vu deux de ses garde-temps récompensés. Le Prix de la Montre dame est revenu à Hidden Treasures et celui de la Montre Métiers d’art à Altiplano Métiers d’Art - Undulata. Inspirée des années 60-70, la première est une montre-manchette - une signature emblématique de la marque - dont le bracelet en or rose est entièrement gravé et ciselé à la main. La seconde se distingue par sa fine marqueterie miniature mêlant textures et nuances de bleu et de vert qui sublime un impressionnant tourbillon volant.
Un ballet nocturne
Le Prix de la Complication pour dame a été attribué à Dior pour sa Grand Soir Automate Etoile de Monsieur Dior. Dotée d’un automate mécanique à la demande, elle fait référence à l’histoire de la maison de couture: son cadran de nacre bleue dévoile une représentation de l’immeuble historique de Dior avec comme fond un ciel nocturne parsemé d’étoiles qui s’anime grâce à la couronne-poussoir. Comme l’a relevé Lan Cittadini, directrice du secteur Montres et Joaillerie de la marque, «ce garde-temps porte l’héritage de ce grand homme, toujours à la recherche de l’excellence avec le souci du détail. C’est la concrétisation de son rêve qui fait aussi rêver les clientes.»
De son côté, la maison Bovet 1822 a décroché le Prix de la Montre calendrier et astronomie, avec son Récital 20 Astérium. Réalisé à un unique exemplaire, ce garde-temps, qui compte 771 composants, dispose d’une ingénierie complexe qui permet d’afficher, entre autres, une carte du ciel nocturne indiquant précisément la position des étoiles et constellations. Celle-ci est régie par un calendrier sidéral, qui prend en compte la durée du tour complet de la Terre autour du Soleil. Equipée d’un tourbillon volant double face, cette pièce affiche encore une foule d’autres indications, dont les signes du zodiaque, les phases de lune, les saisons ou encore les solstices et équinoxes.
Un véritable OVNI
La Freak One, d’Ulysse Nardin, a quant à elle remporté le Prix de la Montre iconique. Dépourvue de cadran, d’aiguilles et de couronne, elle affiche l’écoulement des minutes grâce à son carrousel volant orbital qui fait un tour complet en une heure, l’aiguille des heures étant remplacée par un pointeur fixé sur le barillet qui effectue sa rotation en 12 heures. En recevant son prix, le CEO Patrick Pruniaux a rappelé que cet OVNI incarnait l’esprit de liberté, d’indépendance et de technicité de la marque. Il a notamment rendu hommage à l’un des pères de la collection, Ludwig Oechslin, ancien directeur du Musée international de l’horlogerie, à La Chaux-de-Fonds, «qui a su insuffler sa vision, à savoir la simplicité dans la complexité».
Dans la catégorie Horloge mécanique, c’est L’Epée 1839 qui a été récompensée pour sa Time Fast II Chrome qui fusionne design et mécanique automobile avec la mesure du temps. Dans cette même catégorie, la Maison Alcée a décroché le Prix de l’Audace avec son coffret qui permet aux non-initiés, mais passionnés d’horlogerie, d’assembler les 233 composants de la pendulette Persée Azur. S’agissant du Prix de la Chronométrie, il a été décerné au Chronomètre FB3SPC, signé Ferdinand Berthoud, seul garde-temps pourvu d’un balancier à spiral cylindrique certifié COSC. En lice dans la catégorie Exception mécanique, Hautlence a été couronné pour son garde-temps Sphère Série 1 doté d’une heure sautante qui virevolte sur une sphère tridimensionnelle ornée de chiffres gravés. Pour sa part, Kylian-Douglass Thieulot, élève de l’Ecole d’horlogerie de Genève, a reçu le Prix Jeune étudiant.
Enfin, le jury décerne chaque année un Prix spécial à une personnalité, une institution ou une initiative qui a joué un rôle majeur dans la promotion de l’horlogerie de qualité. Pour l’édition 2023, les deux fondateurs de l’Académie horlogère des créateurs indépendants (AHCI), Svend Andersen et Vincent Calabrese, se sont vu remettre cette distinction pour avoir créé, en 1985, cette association qui met en lumière le travail des artisans indépendants.
Palmarès 2023 |
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Grand Prix de l’Aiguille d’or Audemars Piguet, Code 11.59 by Audemars Piguet Ultra-Complication Universelle RD#4 |
Prix de la Montre calendrier et astronomie Bovet 1822, Récital 20 Astérium |
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Prix de l’Innovation Hautlence, Sphère Série 1 |
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Prix de la Montre chronographe Petermann Bédat, Chronographe rattrapante |
Prix de l’Audace Maison Alcée, Persée Azur |
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Prix de la Montre sport Tudor, Pelagos 39 |
Prix de la Chronométrie Ferdinand Berthoud, Chronomètre FB 3SPC |
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Prix de la Montre joaillerie Bulgari, Serpenti Cleopatra |
Prix de la Révélation horlogère Simon Brette, Chronomètre Artisans |
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Prix de la Montre métiers d’art Piaget, Altiplano Métiers d’Art - Undulata |
Prix de la Montre dame Piaget, Hidden Treasures |
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Prix de la Petite aiguille Christopher Ward London, C1 Bel Canto |
Prix de la Complication pour dame Dior Montres, Grand Soir Automate Etoile de Monsieur Dior |
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Prix Challenge Raymond Weil, Millésime automatique petite seconde |
Prix de la Complication pour homme Voutilainen, World Timer |
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Prix de l’Horloge mécanique L’Epée 1939, Time Fast II Chrome |
Prix de la Montre iconique Ulysse Nardin, Freak One |
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Prix Spécial du jury Svend Andersen et Vincent Calabrese |
Prix du Tourbillon Laurent Ferrier, Grand Sport Tourbillon Pursuit |
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23.11.2023