Edition 2018 du Prix Gaïa

L'édition 2018 du Prix Gaïa rend hommage à trois talents de l'horlogerie et atteste, une nouvelle fois, de sa signification internationale. De plus, cette année le MIH innove et instaure "Horizon Gaïa", une bourse d'encouragement destinée à la relève œuvrant dans l'une des trois catégories distinctives du prix.

Depuis 1993, cette distinction récompense des carrières extraordinaires accomplies dans le domaine de l'horlogerie, de son art et de sa culture. Nul ne peut se présenter spontanément, les dossiers de candidature, remis par des tiers, permettent aux membres du jury, des personnalités suisses et étrangères issues de milieux divers - culturel, journalistique, scientifique ou économique - d’apprécier en toute neutralité l’apport de chacun et de désigner un lauréat, voire plusieurs lorsque certaines candidatures se complètent mutuellement. La liberté du jury est garantie par son président, le conservateur du Musée international d'horlogerie (MIH), Régis Huguenin-Dumittan.

Nouveauté pour fêter un quart de siècle
Pour célébrer le quart de siècle du Prix Gaïa, le MIH le fait entrer dans une nouvelle dimension. A côté des trois catégories dans lesquelles des personnalités confirmées du monde horloger sont distinguées, Horizon Gaïa est une bourse d'encouragement, rendue possible grâce à la bienveillance de la Fondation Watch Academy, qui sera mise au concours chaque année à destination de la relève dans les domaines de prédilection du prix Gaïa: artisanat-création, histoire-recherche et esprit d'entreprise. La bourse financera, en principe, un projet individuel qui puisse se dérouler au maximum sur une année. Le délai de dépôt des candidatures sera le même que celui des dossiers concourant au prix, soit le 21 mars de chaque année. Le ou la premier-ère bénéficiaire de cette bourse sera annoncé(e) lors de la cérémonie 2019.

La cérémonie de remise des prix s'est tenue le 20 septembre dernier au Musée international d'horlogerie (MIH) de La Chaux-de-Fonds, en présence d'Annalise Eggimann, directrice d'Innosuisse.

Artisanat et création: Paul Clementi
Le jury du Prix Gaïa souligne l'étendue des compétences manuelles et des connaissances historiques de Paul Clementi mises au profit de créations inventives réalisées avec une éthique irréprochable.

A à peine 15 ans, Paul Clementi quitte sa Drôme natale pour fréquenter l'école d'horlogerie de Besançon. Dans cet environnement totalement différent, seule l'horlogerie lui rappelle l'arrière-boutique du magasin de son père, là où est née sa passion pour la mécanique.

Dès 1980, Paul Clementi entreprend une formation d'horloger-rhabilleur, puis se spécialise dans la restauration d'horlogerie ancienne à La Chaux-de-Fonds, ayant comme professeurs, entre autres, Jean-Claude Nicolet, Pierre Willen et Jean-Michel Piguet. Durant son séjour, il participe à l'analyse de la pendule trois roues de Breguet, construit un échappement à détente, rédige un rapport sur Abraham-Louis Breguet.

En 1986, il entre chez L'Epée à Ste Suzanne comme prototypiste, créant de nouveaux modèles de pendulettes et d'objets divers avant de rejoindre l'équipe de Michel Parmigiani à Fleurier en 1989. Il y réalise notamment la restauration d'une pendule sympathique de Breguet et construit ex nihilo des objets d'exception.

Curieux et ouvert d'esprit, il a acquis des compétences de très haut niveau dans des domaines variés et pointus (mathématique, technique, physique et artistique) en s'appuyant sur un réseau des meilleurs spécialistes de ces domaines.

Discret mais soucieux de transmettre ses connaissances, il s'est toujours orienté vers la transmission de son savoir, ce qui le conduit à l'Ecole technique de La Chaux-de-Fonds (1994-1997), à former des apprentis puis à enseigner à la HE-ARC (2012-2016). Il est également l'auteur de plusieurs articles dans les revues horlogères spécialisées et réalise des recherches historiques. Il est actuellement directeur technique chez Bovet.

Histoire et recherche: Rheinhard Meis
Le jury du Prix Gaïa rend hommage à la contribution essentielle de Reinhard Meis à la connaissance de l'histoire technique de l'horlogerie par l'exhaustivité de ses recherches menées en indépendant et par l'excellence de ses publications dans le domaine des montres compliquées.

Reinhard Meis est né en 1940 à Koppelow dans le nord de l'Allemagne, dans une famille d’horlogers. Il suit un apprentissage d'horloger à Minden et Eutin et se forme à l’Ecole d’horlogerie de Hambourg-Altona. Il exerce ensuite sa profession d’horloger à Eutin et Husum. A l'âge de 27 ans, il se spécialise dans la mécanique de précision à Schwenningen, puis s'engage auprès des maisons Siemens et Telefunken. De 1973 à 1991, Reinhard Meis est assistant technique des Prof. Bömmel et Dransfeld à la Faculté de physique de l’Université de Constance et s'active notamment dans le domaine de la physique des solides. Parallèlement, il rédige des ouvrages de référence: Die alte Uhr, Taschenuhren, IWC-Uhren, Das Tourbillon et Armbanduhren Chronographen - traduits dans plusieurs langues - ainsi qu'une soixantaine d'articles dans des revues.

En 1991, Reinhard Meis devient conseiller technique et concepteur de mouvements pour la maison Lange Uhren. Il est à l'origine des premières collections de la maison Lange & Söhne sous la Direction de Günter Blümlein. Il participe à la réalisation d'expositions pour les marques du groupe LMH (Les Manufactures Horlogères): Jaeger-LeCoultre, IWC et Lange & Söhne.

Parallèlement pendant ses loisirs il poursuit son activité de chercheur et d'auteur en publiant notamment A. Lange & Söhne: eine Uhrmacherdynastie aus Dresden (1997) et A. Lange & Söhne, feine Uhren aus Sachsen.

En 2004, il rejoint le Pôle mouvement de Richemont à Neuchâtel en tant qu'ingénieur directeur pour le design de produits et la haute horlogerie et consultant pour les marques du groupe. Depuis 2011, Reinhard Meis bénéficie d'une retraite qu'il consacre à des travaux d'écriture.

Esprit d'entreprise: Maximilian Büsser
Le jury du Prix Gaïa distingue Maximilian Büsser pour son approche créative de l'horlogerie appliquée tant dans le design des produits que dans leur commercialisation, ainsi que dans la gestion innovante de son entreprise.

Maximilian Büsser est né en 1967 en Italie, à Milan. Très tôt, il s’installe en Suisse, à Lausanne, où il passe toute sa jeunesse. Ingénieur de formation, il est titulaire d'un diplôme en microtechnique de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (1991).

Sa passion pour l'horlogerie, Maximilian Büsser se l'est forgée au sein de Jaeger-LeCoultre, qui décuple son chiffre d’affaires au cours des années 1990. Au service de cette maison, il assume les fonctions de responsable produit et de responsable ventes et marketing pour l’Europe.

Entrepreneur dans l’âme, il n’est âgé que de 31 ans lorsqu’il est nommé directeur général de Harry Winston Timepieces. Durant sept années, il transforme cette entité en une marque horlogère respectée, développant stratégie, produits, marketing et distribution internationale, tout en intégrant dans la structure le design, la recherche & développement et la fabrication. Le chiffre d’affaires de la société augmente de 900% et Harry Winston s’est positionné comme un acteur majeur de ce segment très concurrentiel.

En juillet 2005, Maximilian Büsser crée le premier label créatif en haute-horlogerie - MB&F (Maximilian Büsser & Friends) - dans lequel il est désormais associé avec Serge Kriknoff. Il réalise alors son rêve, celui de posséder sa propre marque qui se consacre au développement de concepts horlogers radicaux, au sein de petits groupes extrêmement créatifs, composés de personnes avec lesquelles il aime collaborer. L'Horological Machine N°1, présentée en 2007, est la première pièce qui reflète l'état d'esprit de MB&F: conçue à l'image d'un être vivant, elle possède deux cadrans posés côte à côte qui donnent séparément les heures et les minutes, tandis que les quatre barillets, à l'instar des poumons, déploient une énergie commune faisant marcher le cœur de la montre.

Principales réalisations
En 2007, MB&F a dévoilé la HM1, sa première Horological Machine. Avec son boîtier sculptural en trois dimensions et son mouvement merveilleusement décoré, la HM1 a donné le ton des Horological Machines qui ont suivi: HM2, HM3, HM4, HM5, HM6, HM7, HM8, HM9 et HMX - des Machines qui symbolisent le temps plutôt que des Machines qui donnent l’heure.

En 2011, MB&F a lancé la collection des rondes Legacy Machines. Ces pièces plus classiques - classiques pour MB&F - rendent hommage à l’excellence horlogère du 19e siècle, en réinterprétant des complications de grands horlogers novateurs sous la forme d’objets d’art contemporains. Les LM1 et LM2 ont été suivies par la LM101, la première Machine MB&F équipée d’un mouvement entièrement développé à l’interne.

En 2015, c’est au tour de la Legacy Machine Perpetual munie d’un calendrier perpétuel complètement intégré. La LM Split Escapement a été dévoilée en 2017. A ce jour, MB&F alterne entre Horological Machines résolument anticonformistes et Legacy Machines inspirées par l’histoire.

A côté des Horological et Legacy Machines, MB&F a créé des boîtes à musique spatiales (MusicMachine 1, 2 et 3) en collaboration avec Reuge, manufacture de musique mécanique; ainsi que des horloges de table avec L’Epée 1839: une horloge à l’apparence d’une plateforme spatiale (Starfleet Machine), une fusée (Destination Moon) une araignée (Arachnophobia), une pieuvre (Octopod), ainsi que trois horloges-robot (Melchior, Sherman et Balthazar). En 2016, MB&F et Caran d’Ache ont créé un stylo mécanique en forme de fusée appelé Astrograph.

MB&F s’est vu attribuée quatre distinctions au Grand prix d'horlogerie de Genève: en 2016 la Legacy Machine Perpetual a été lauréate de la montre calendrier, en 2012 la Legacy Machine n°1 a été doublement récompensée par des passionnés d’horlogerie avec le Prix du public ainsi que par un jury professionnel avec le Prix de la montre homme et, en 2010, HM4 Thunderbolt remporte le Prix de la montre design. Last but not least, la HM6 Space Pirate a été récompensée en 2015 par un «Red Dot : Best of the Best» - prix phare de la compétition internationale des Red Dot Awards.

Le jury
Pour cette édition 2018, le jury était composé de Régis Huguenin, conservateur du MIH et président du jury; Nathalie Marielloni, conservatrice adjointe du MIH; Henry John Belmont, consultant en horlogerie; Patrick Dubois, président du Laboratoire Dubois; Estelle Fallet, conservatrice en chef du Musée d'art et d'histoire de Genève; Joël Grandjean, journaliste et rédacteur en chef de Watchonista.com; Morghan Mootoosamy, conservateur du Musée d'horlogerie du Locle - Château des Monts; Dominique Mouret, pendulier-restaurateur; Anita Porchet, émailleuse; Anthony Randall, horloger; Nicolas Rossé, journaliste économique à la Radio Télévision Suisse (RTS); Eric Tissot, marketing & communication manager chez Multiple SA Global Design; Nathalie Tissot, professeure de propriété intellectuelle à l'Université de Neuchâtel; et Sylvain Varone, responsable secteur horlogerie au Centre interrégional de formation des Montagnes neuchâteloises.

11.10.2018