Beauregard: des garde-temps pour la gent féminine

Œuvres d’art éblouissantes et poétiques, mariant maîtrise des pierres, prouesses techniques avec élégance esthétique affirmée, la maison horlogère pose un regard inédit sur l’horlogerie féminine. Créée en 2018, la marque genevoise propose un véritable univers horloger et joaillier de haut niveau, reposant sur une maîtrise de l’art lapidaire mariée à l’excellence horlogère suisse. Une composition florale, enchantée et poétique.

Sa grammaire esthétique se nourrit des mondes de l’art, du design et de la mode pour terminer sa course sur quelques millimètres de graphite. C’est là, à la pointe de son crayon, sur des centaines de pages, qu’Alexandre Beauregard dessine ses montres.

Elles sont horlogères et joaillières, précieuses et précises, elles sont aussi généreuses que les couleurs et volumes qui animent leur cadran. Chaque montre parle d’abord au cœur. A cet instant, l’essence de la pierre éveille les sens du corps: la vue, le toucher et presque le goût sucré d’une création malicieusement nommée Candy.

Chaque pièce est unique, comme celle qui la choisira. Mais en réalité, on ne choisit pas une Beauregard. C’est elle qui vous choisit et, avec elle, la passion de son créateur.

Un homme, les pierres et son crayon
Alexandre Beauregard est né en... peu importe. L’âge est une ligne sur une carte d’identité et, très tôt, Alexandre a trouvé la sienne. L’école traditionnelle n’est pas faite pour lui. Ou, plus exactement, il n’est pas fait pour elle. Le jeune homme intègre donc un cursus alternatif à Montréal où il peut pleinement s’exprimer en combinant deux dimensions: la technique et l’esthétique.

Dès lors, quel autre objet qu’une montre? Le jeune Alexandre, romanesque, en tombe amoureux et en dessine des centaines. Du style au stylisme, il intègre une école de design de mode et de graphisme. Le jeune homme s’épanouit, mais son encre n’est pas encore sèche qu’il rencontre celle qui deviendra sa femme: passion immédiate! La mécanique familiale se met en route: une entreprise, un enfant, puis deux. Celle de l’horlogerie attendra... mais pas trop longtemps.

Les affaires sont florissantes, mais la passion horlogère, elle, reste dévorante. L’obsession de la montre est totale. Pour donner de la substance à des dessins qui, déjà, convoquent une âme joaillière, Alexandre s’inscrit dans un cursus de gemmologie, oubliant trop vite les leçons du passé: l’enfant est devenu homme, mais le carcan académique ne lui convient toujours pas.

Au bout de quelques semaines, pour prendre de la hauteur, il descend les marches de son amphi. Là, il propose à son professeur de quitter ses cours et de se former à son atelier. Cinq ans à l’établi contre trois devant une copie? Les deux hommes se serrent la main.

Entrée en matière
C’est ainsi qu’Alexandre croise la route d’Yves Saint-Pierre. L’homme est une légende en Amérique. Il réalise des sculptures à partir de pierres qu’il taille comme personne ne l’avait fait avant lui. Il est aujourd’hui un des rares artistes lapidaires sur le continent américain. Il enseigne à l’Ecole de joaillerie de Montréal et devient, ce jour-là, le mentor d’Alexandre.

Ce qui s’amorce alors est un cycle de rencontres qui vont tracer sa voie. Première foire de gemmologie (Tucson Gem Show, la plus importante au monde), puis de sous-traitance horlogère (EPHJ, à Genève), premiers contacts avec des motoristes, horlogers, usineurs et tout le tissu industriel de la profession, des séjours en Suisse qui se multiplient et des compétences qui s’accumulent. Alexandre apprend vite et agrège progressivement l’indispensable réseau helvétique qui donnera corps à son savoir-faire et enflammera sa créativité.

La suite est connue. Sa première collection est dévoilée en 2018. Elle offre un bouquet horloger, un jardin joaillier, travaillé dans ses moindres détails par la main de l’artisan.

Dix-huit mois plus tard, un modèle de cette collection est sélectionné au Grand prix d’horlogerie de Genève (GPHG), aux côtés des plus grands. SIHH et Baselworld suivent de près, de même que la Dubai Watch Week et les Geneva Watch Days. A ce jour, plus d’une centaine d’articles de presse font le portrait de l’artisanat d’Alexandre Beauregard, le plus canadien des horlogers suisses. A moins que ce ne soit l’inverse?

Dahlia, premier bouquet horloger
Première collection, présentée en 2018. D’emblée, elle affirme la signature de la marque: esthétique et technique au même niveau superlatif, une inspiration florale totale, des pierres inusitées, riches en couleurs et façonnées dans des volumes peu communs. L’artisanat est roi, appuyé par une maîtrise horlogère reposant sur le savoir-faire suisse. Avec, toujours en dénominateur commun, la main de l’homme comme outil créatif.

La collection étonne et détonne. Le mouvement suisse fabriqué à La Chaux-de-Fonds, déploie un tourbillon volant central avec pont supérieur et aiguilles façonnées en pétales, sur une boîte en or blanc sertie de 600 diamants. Les experts horlogers saluent la mécanique de précision. Leurs homologues de joaillerie ne savent pas encore où classer ce qui sera, au final, totalement inclassable.

Incorporant 600 diamants VVS River, la Dahlia exprime un degré d’exigence hors norme. La taille des pétales, dans des dimensions aussi généreuses, et une qualité lapidaire exceptionnelle, est une première. Turquoise, opale ou nacre donnent vie à une Dahlia façonnée à la main sur demande. Une œuvre comme il ne s’en fait presque plus.

Du jardin à la confiserie
La seconde collection, baptisée Lili, est dévoilée en 2020. Dès son lancement, un second modèle de cette deuxième collection est également présélectionné au GPHG. L’esprit floral est intact, la boîte, toujours en or, est rectangulaire, alors que le cadran se réduit à l’expression minimaliste de deux aiguilles survolant une fleur de pierres précieuses fraîchement éclose sur son lit de diamants. Trente-trois pétales façonnés à la main avec une infime tolérance (0,02 mm) permettant un serti invisible mystérieux.

Quelques mois plus tard, Lili Bouton éclot en boîte ronde et cadran effeuillé de 36 pétales. Toujours aussi précieuse et rare, elle complète le jardin Beauregard. La dernière version en date est l’acidulée Lili Candy. Avec elle, Beauregard quitte provisoirement le terrain floral au profit d’une pause sucrée et colorée, où les pétales font place à un tourbillon d’améthystes et de topazes lové dans un cercle de diamants, dessinant une voluptueuse sucrerie d’un réalisme confondant.

Suisse et Canada: l’alchimie inattendue
Un atelier de haute joaillerie au cœur de Montréal et des partenaires d’exception dans le Jura suisse, telles sont les racines inattendues de Beauregard.

Si les débuts créatifs de la maison remontent à 2018, la marque est véritablement lancée en 2023, alors qu’elle participe pour la première fois au salon Watches & Wonders, à Genève, un évènement qui agit à la fois comme rampe de lancement internationale et de caisse de résonnance médiatique.

De Tokyo, où la marque connaît actuellement un fort engouement, à New York, en passant par le Moyen-Orient - dont c’est le plus important marché aujourd’hui -, l’Amérique, l’Inde et l’Asie, Beauregard s’est ainsi fait connaître auprès de publics, amateurs de montres raffinées, connaisseurs de pierres ou esthètes éclairés, ainsi que des détaillants les plus prestigieux de chaque pays visité.

Car chaque élément qui compose une Beauregard est fait en interne. La maison maîtrise totalement, dans son propre atelier, toutes les étapes de la fabrication, de la recherche à l’achat des pierres brutes, jusqu’au cadran prêt à recevoir le mouvement.

Taille des pierres, façonnage, polissage, assemblage, contrôle, la magie opère... chaque montre Beauregard sort de l’atelier et procure la même émotion qu’une robe de haute couture donnant vie à des mètres d’étoffe. C’est la même démarche, la même quête de la perfection esthétique absolue. Un travail rare comme il ne s’en fait plus aujourd’hui.

Une inspiration puisée dans l’architecture
Depuis toujours, Alexandre puise son inspiration partout autour de lui, que ce soit devant un bâtiment aux formes élégantes ou dans les ruelles étroites de Paris, où les motifs de grilles forgées racontent une histoire unique. A New York, il remarque parfois des reliefs sculptés dans la pierre, des détails qui éveillent son imagination. Cependant, c’est dans le vieux Genève qu’il trouve un charme particulier, avec ses anciens fers forgés et ses ruelles pavées, redessinant et retravaillant mentalement chaque détail.

Les années 50 exercent sur lui une fascination indéniable. Les formes, les courbes de cette époque l’envoûtent, le transportant dans un monde où la beauté se trouve dans chaque ligne. Meubles anciens, design industriel, lampes, crayons, chaque objet est pour lui une œuvre d’art en puissance, avec des formes somptueuses qui capturent son attention.

C’est l’Europe qu’il aime par-dessus tout, Rome surtout, loin des lignes droites et de l’austérité du noir et blanc. Beauregard se languit des années bonheur (1950-1960), des couleurs vives, des volumes généreux et des courbes sensuelles. Les formes rondes l’enchantent, évoquant un sentiment de liberté et de créativité débridée.

Son atelier est un lieu magique où la matière brute prend vie, transformée par ses mains habiles. Chaque pierre est un défi, chaque esquisse un pas de plus vers la perfection. Il crée ses propres outils, ses machines, dans une quête incessante d’expression artistique. C’est ici qu’il trouve une liberté totale. On lui a souvent répété que ses rêves étaient impossibles à réaliser, mais il a toujours persévéré.

Le fait qu’Alexandre ne soit pas issu du milieu horloger est un avantage inestimable. Il est affranchi des conventions, libre de laisser son imagination vagabonder dans des territoires inexplorés. Ses parents lui ont inculqué l’importance du travail acharné, répétant sans relâche que le talent représente seulement 1%, le reste étant transpiration pure.

30.11.2023