Haute-Rive: une nouvelle marque est née

Pour l’amour de l’ingénierie et avec derrière lui plus de trois générations de gestes horlogers en famille, l’inventeur de cette nouvelle maison, qui porte le nom de l’atelier de son arrière-arrière-grand-père qui fabriquait déjà des garde-temps d’exception, frappe fort avec une montre munie d’un seul barillet qui offre une réserve de marche de 1’000 heures.

Stéphane von Gunten n’est pas qu’un ingénieur horloger. Il est aussi un visionnaire. Sa carrière n’a cessé d’alterner entre concepts, inventions et créativité. C’est pour mettre cette dernière au centre qu’il a choisi de prendre son indépendance et d’imaginer… d’innover! Il se veut un innovateur humble, conscient des limites de son art et œuvrant à les repousser. Haute-Rive est son nouveau temps d’expression horloger, le plus affectif aussi. A son rythme, l’ingénieur horloger indépendant se lance dans la conception et la réalisation, de manière traditionnelle, à l’unité, de montres qui lui ressemblent et qui concordent avec sa philosophie de vie: le partage allié à l’humilité qui signe toute transmission et qui engendre l’horlogerie la plus aboutie.

Aujourd’hui, Stéphane von Gunten annonce la naissance d’une nouvelle marque horlogère suisse indépendante. Haute-Rive surgit au plus haut de la hiérarchie horlogère. Après quelque vingt années passées au sein d’importantes maisons horlogères, Stéphane von Gunten décide de s’extraire des contraintes de temps des grands groupes pour s’offrir une liberté d’expression totale, nourrie par ses compétences acquises au cours d’un parcours le préparant intimement à l’ouverture de ce nouveau chapitre. Haute-Rive est un hommage à la technicité, bien sûr, mais surtout un hommage aux valeurs familiales, à l’humain, au partage, au service d’une horlogerie suisse d’excellence, faite avant tout de plaisir


Honoris I: en l’honneur d’Irénée Aubrey
Haute horlogerie, tradition et innovation. Trois sujets entremêlés, dont l’innovation est souvent le parent pauvre.

Haute-Rive met ces trois composantes à niveau égal avec sa collection inaugurale, Honoris I. Une montre de poignet en or jaune ou or gris, polie, élégante, dotée d’un tourbillon volant mystérieux et d’un cadran en émail grand feu, dont l’ensemble repose sur une éthique des finitions impeccables (anglage et décorations à la main) qui en représentent le volet haute horlogerie.

L’aspect tradition repose sur l’héritage culturel et familial de Stéphane von Gunten. Il perpétue ici le travail effectué par son ancêtre Irénée Aubry, horloger du 19e siècle et inventeur de la montre de poche à huit jours de marche, connue sous le nom Hebdomas.

L’innovation est au cœur d’Honoris I. Stéphane von Gunten prolonge les inventions de son aïeul en créant la première montre de poignet à 1’000 heures de réserve de marche qui se veut portable, élégante, raisonnablement fine.

Une fois par mois, Honoris I se remonte par le biais de sa lunette à 60 facettes, commandée par un sélecteur de fonctions à roue à colonnes. La construction de la boîte, du mouvement, de ses complications et leurs interactions sont le résultat d’une recherche poussée à l’extrême de gain d’épaisseur, de performance et de raffinement. Cette combinaison rare est la trajectoire que Stéphane von Gunten trace pour Haute-Rive.

Irénée Aubry, établi et clapotis
Haute-Rive, comme le lieu-dit du bord du lac de Neuchâtel, à Chez-le-Bart, jouxtant St-Aubin, où son ancêtre Irénée Aubry avait installé son atelier. Où il avait posé les bases de la montre Hebdomas qui fut l’un des plus grands succès des années 1900, qui offrait huit jours de marche et qui a atteint une production journalière de 1’000 pièces, trois caractéristiques hors normes pour l’époque. Haute-Rive… Haute comme haute horlogerie, et Rive comme la frange visible, mais étroite, où se situe l’excellence.

Haute-Rive s’adresse donc à ces puristes de la montre qui en refusent les limites traditionnelles. Parmi elles, une en particulier a aiguillonné la créativité horlogère de Stéphane von Gunten. Si Irénée Aubry a réussi à concevoir des montres fabriquées à des millions d’exemplaires avec huit jours de marche il y a un siècle, il doit pouvoir pousser ce curseur au maximum sans s’écarter du langage de la belle horlogerie. Et, au premier chef, il veut une montre portable, qui reste fine.

Il se fixe des cotes et un chiffre symbolique, 1’000 heures. Son premier calibre, le HR01, permet à sa pièce inaugurale Honoris I de se situer à 42,5 mm de diamètre et juste en dessous des 12 mm d’épaisseur.

Temps ancien
Avant d’être domestiqués, les cours d’eau qui descendent du Jura vers le lac de Neuchâtel étaient imprévisibles. Menacés par les inondations, ses riverains privilégiaient les hauteurs, tel le lieu-dit «Haute-Rive», à Chez-le-Bart. Aujourd’hui absorbé dans la commune de St-Aubin-Sauges, c’est là qu’Irénée Aubry avait installé son atelier, à l’abri des eaux montantes après avoir quitté Saignelégier, village des Franches-Montagnes près duquel il était né. Irénée Aubry n’est pas le typique horloger jurassien. Il n’a pas de ferme, il n’est pas un exécutant, il ne travaille pas à la pièce ni à la marge. Son approche lui a valu d’être surnommé «l’inventeur» par ses proches et ses voisins.

Longue durée de marche
Son sujet de prédilection était la longue durée de marche, un des points faibles des montres de poche malgré leur grande taille. Irénée Aubry se distingue avec un concept pour lequel il obtient le brevet n°88 du 10 janvier 1889: une montre pouvant fonctionner huit jours sans remontage. La firme Graizely Frères acquiert ses brevets et dépose le nom de marque Hebdomas. Graizely y ajoute son propre brevet d’organe réglant visible par le cadran et ainsi naît l’un des plus importants succès de l’horlogerie des années 1890 à 1930. Pratiques, abordables, peu épaisses, primées lors de plusieurs Expositions universelles, les Hebdomas furent fabriquées à La Chaux-de-Fonds par la société rebaptisée Graizely et Cie, qui deviendra par la suite Schild & Cie.

Montre du Pape
En parallèle, une autre pièce signée Irénée Aubry fait sensation. En 1887, il réalise une montre de poche exceptionnelle qui sera offerte par une délégation de pèlerins des Franches-Montagnes au Pape Léon XIII, à l’occasion de son Jubilé. L’idée d’Irénée est de concevoir une montre de poche qui fonctionne pendant 40 jours sans avoir à la remonter. Du jamais vu! En 1888, il reçoit d’ailleurs la Croix pour l’Eglise, se voit pontifié pour son œuvre et remportera un éclatant succès lors de l’Exposition universelle de Paris en 1889.

Sur le boîtier en or de la Montre du Pape est peint le portrait du Pape Léon XIII et sont gravées les armoiries franc-montagnardes; la lunette en or est cannelée - Stéphane reprendra d’ailleurs ce motif sur son Honoris I, dont la lunette est un élément fort. Quant à la filiation mécanique, le chiffre symbolique de 40 jours de marche en résume l’ampleur et l’ambition.

Très remarquée, elle l’est également par Stéphane, qui enfant, entend souvent parler de cet évènement fondateur dans son histoire familiale. Cette Montre du Pape est en fait à la base de son inspiration et elle est l’élément déclencheur de la création de sa marque Haute-Rive. Elle est le buvard affectif dans lequel il est venu puiser son génie créatif. Autre point commun: Irénée et Stéphane sont inventeurs d’une trentaine de brevets.

Temps modernes
Naviguer entre le concept et le design était une préoccupation d’Irénée Aubry. Elle est aussi au cœur de la démarche de Stéphane von Gunten. Il veut pour Honoris I l’élégance formelle de l’horlogerie habillée, le langage technique d’attributs mécaniques visibles et la performance.

Le dessin de sa pièce inaugurale prend ainsi la forme d’une boîte en or, entièrement polie. Elle est surmontée d’une lunette à 60 facettes concaves aux arêtes adoucies. Ses cotes sont celles d’un chronomètre élégant sans complication particulière. Et pourtant trois attributs exceptionnels y sont logés, un tourbillon volant, 1’000 heures de marche, un sélecteur de fonctions et un indicateur de réserve de marche au dos, sous la forme d’un disque très lisible.

Pour parfaire l’habillage de sa pièce classique, Haute-Rive opte pour un cadran en émail grand feu champlevé. Noir ou blanc, il est exécuté dans les règles de l’art, à haute température, sur la base d’une plaque en or 18 carats. Préalablement à ses cinq cuissons, elle a été découpée pour accueillir les excroissances du mouvement qui la traversent. Car ce cadran est plus qu’une surface, c’est une composition graphique et technique.

Une grande roue, dite Roue du temps, le train de rouage sous un pont central à quatre piliers, le tourbillon, ces trois éléments émergent du cadran sans révéler tout à fait comment ils interagissent. Le mystère se prolonge avec la longue tige de couronne et son pignon coulant, très visible à côté de la roue à colonnes nécessaire à la sélection de fonctions. La place dévolue au barillet et à son ressort moteur immense repousse vers le haut ces éléments. Stéphane von Gunten en fait son parti, les transforme en discours technique implanté dans un ensemble de facture classique. Celle-ci est renforcée par les deux aiguilles feuille, bombées, parfaitement polies et réalisées en or gris ou en acier bleui selon la version.

Valse à mille temps
Pour atteindre la durée de marche de 1’000 heures, prérequis du développement du calibre HR01, Stéphane von Gunten a su maximiser la taille du ressort moteur tout en préservant les cotes de la montre. D’ordinaire, les pièces qui dépassent les dix jours de marche présentent des proportions immenses, souvent accompagnées de designs futuristes. Honorist I se situe dans l’esprit le plus classique et le plus portable. C’est ainsi que Stéphane von Gunten a opté pour un barillet unique. Pour l’agrandir, c’est la platine qui fait office de tambour. Développé sur mesure par un spécialiste de cette pièce, le ressort moteur qui y réside mesure 3 mètres de longueur, certainement le plus long jamais installé dans une montre de poignet. Pour offrir un couple le plus régulier possible, il est muni d’une bride glissante qui évite les surtensions et les pics de puissance. Cette dernière permet également de protéger le rouage lorsque l’armage complet du ressort est atteint.

Le barillet communique d’un côté avec l’indicateur de réserve de marche, situé sur le fond de boîte. Autour d’un couvercle central grené, un anneau porte les graduations de 0 à 1’000. Cette indication sur 360 degrés offre une lecture en tout temps optimale, ce qui aurait été impossible avec une jauge traditionnelle. De l’autre côté, le barillet engage un différentiel qui le relie au train de rouage, ainsi qu’au mécanisme de remontage. Celui-ci s’effectue via la lunette qu’il faut faire tourner en sens antihoraire. La force requise et le nombre de tours de barillet interdisaient de toute manière de passer par la couronne. De plus, la lunette est confortable sous le doigt et ponctuée de 60 cannelures doucement creusées. Elle offre une préhension idéale pour cette opération qui peut s’espacer de 40 jours, soit une fois par mois, avec une sécurité de dix jours.

Le temps des secrets
Le sélecteur de fonctions créé pour Honoris I est unique en son genre. Il est à la fois relié à une couronne qui ne se tire pas, à une roue à colonnes et à un pignon coulant situé sur la plus longue et visible de toutes les tiges de couronne. Celle-ci engage directement le train de rouage pour la mise à l’heure, en plein cœur du calibre HR01. Le pont de rouage central, tridimensionnel, en forme de double moustache, est un élément graphique et horloger essentiel dans le design du calibre HR01 et d’Honoris I. Sa forme et sa proéminence annoncent un mouvement stratifié, fort des codes de l’horlogerie classique et qui se prête à des jeux de terminaisons de haute facture.

Au-dessus du barillet, le calibre HR01 est surmonté de la Roue du temps. Elle transmet la force au rouage et offre au spectateur et au porteur un rappel de l’importance de la force motrice dans cette montre. La Roue du temps engrène avec un train de rouage qui est réparti sur sept niveaux de hauteur. Au bout de cette chaîne cinétique, Stéphane von Gunten a installé une de ses spécialités, un ensemble horloger dont il a une expérience rare, un tourbillon volant. Une grande cage en laiton rhodié, en forme de croix ajourée, maintient un ensemble finement réglé. Il renferme un spiral plat en alliage d’acier, un balancier à inertie variable et un échappement à ancre suisse. C’est la structure et la verticalité de sa cage qui s’imposent ici. Ils émergent du cadran, créant un troisième pôle par-dessus la grande couche d’émail.

16.11.2023