Le savoir-faire d'Antiquorum

Installée de longue date à Genève et Hong-Kong, Antiquorum a récemment ouvert un bureau à Monaco.

Spécialisée dans les ventes horlogères, la maison se diversifie depuis peu dans la joaillerie. Nouveautés et bases du métier révélées par Romain Réa.

Les maisons de vente aux enchères ponctuent le calendrier annuel de leurs ventes printanières et automnales. Antiquorum n’y fait pas défaut et organise des ventes à Genève, Hong Kong et nouvellement à Monaco. Comment une vente se met-elle sur pied? D’où proviennent les pièces mises à l’encan? Comment estime-t-on leurs prix? Qui acquiert ces garde-temps? Romain Réa, expert horloger et CEO d’Antiquorum depuis 2017, a dévoilé les dessous d’une telle organisation.

La collecte de garde-temps se base sur des journées d’expertise organisées dans différentes villes mondiales, aux sièges d’Antiquorum ou dans des boutiques et hôtels partenaires. Elles sont généralement annoncées par voie de presse. Sur place, des experts reçoivent les particuliers désirant se défaire de pièces vintage ou récentes. Chaque montre est passée au peigne fin, mais le critère le plus important qui influencera le prix est le cadran (70% de l’estimation). La valeur de la montre sera d’autant plus grande si celui-ci est d’origine. Toutes les pièces peuvent être réparées, voire reconstituées, mais pas le cadran, d’où l’importance de son état.

Lors de la collecte de pièces, certaines marques horlogères sont prisées, comme Rolex, Patek Philippe, Audemars Piguet, Vacheron Constantin et Breguet qui constituent le top five. Suivent Omega, Jaeger-LeCoultre, Longines, Universal Genève et Breitling. Plus largement, les montres ayant appartenu à une personnalité sont également très recherchées des acheteurs. Récemment vendues, une Omega ayant appartenu à Elvis Presley (datant d’environ 1960), une Vacheron Constantin propriété d’Evita Peron (1946), une montre de poche Zenith portée par Gandhi (1910) ou encore une Rolex dont le propriétaire n’était autre que Carlos Coello (environ 1964).

Les prix sont fixés d’entente avec le vendeur, ce dernier ayant parfois des vœux allant au-delà de l’estimation faite par Antiquorum, mais la maison respecte toutefois les désirs de ses clients. Il ressort fréquemment que plus l’estimation est basse, mieux se vend le produit. Le vendeur est parfois surpris de constater que sa montre a été cédée bien au-delà du prix initialement fixé.

Lorsqu’une vente aux enchères est mise sur pied, Antiquorum contacte personnellement ses clients en fonction de leurs désirs. Mais qui sont-ils? A la base, beaucoup de collectionneurs qui recherchent des garde-temps selon une thématique (montres de plongée, chronos, etc.), selon une marque ou même selon une collection précise. Les professionnels représentent également une grande part du fichier clients, souvent à la recherche de pièces vintage pour étoffer leurs échoppes. Une catégorie en pleine évolution se distingue, les acheteurs, amateurs et investisseurs, personnes cherchant à placer leur argent dans des garde-temps de valeur.

Au terme d’une vente, quelque 20% des lots restent invendus. Qu’adviennent-il? Ils sont tout simplement remis à l’encan lors de la vente suivante avec une estimation plus basse. Et généralement vendus lors de cette deuxième tentative, ils partent souvent au-delà de leur première estimation, au plus grand bonheur du vendeur.

Dans les lots de chaque vente, on retrouve de nombreuses marques horlogères. Antiquorum a toutefois organisé sporadiquement des ventes monomarques, comme en 1989, où la maison genevoise dédiait sa première vente monomarques à Patek Philippe. Vacheron Constantin a également fait l’objet d’une telle thématique.

Antiquorum a aussi développé très largement ses ventes en ligne, les OLA (Online Live Auction). Ces dernières ont pris une grande importance durant le Covid-19, toutes les ventes présentielles ayant été annulées. Elles ont par ailleurs remporté un franc succès.

Si la maison genevoise vend principalement des garde-temps, elle propose également des accessoires et nouvellement des bijoux.

Le 28 juin dernier à l’hôtel Beau-Rivage de Genève, Antiquorum a repris ses ventes présentielles, toujours accompagnées d’enchères en ligne ou par téléphone. Cette journée de vente a rencontré un franc succès affichant un total de 6 millions de francs et plus de 83% des lots vendus. Rolex a remporté la palme avec trois lots exceptionnels cédés bien au-delà de leurs estimations.

Le lot 379, une Rolex, Ref. 6034, Oyster Chronograph, 18 carats or rose, des années 1955, une icône du chronographe de la marque. Elle était estimée à 250’000-350’000 francs. Elle a été cédée à 600’000 francs, frais inclus (480’000 francs au marteau).

Le lot 346, une Rolex 1680 Submariner extrêmement rare, modèle Comex datant de 1979. La compagnie maritime d’expertise n’a en effet reçu qu’une soixantaine d’exemplaires lui étant dédiés, la grande majorité de ceux-ci ont ensuite été révisés, le cadran Comex étant remplacé par un cadran Rolex ordinaire. Cette pièce, qui n’a jamais été portée en plongées, est restée dans un état incroyable. De plus, elle était vendue avec sa garantie originale, autre caractéristique inhabituelle. Estimée à 150’000-250’000 francs, elle a obtenu le résultat de 524’000 francs frais inclus (420’000 au marteau).

Le lot 345, une étonnante Rolex Ref. 1680, Red Submariner, Meter First Mark II, avec cadran tropical produite en 1969 et vendue avec son coffret d’origine et ses papiers. Le «Red» Submariner est l’une des références Rolex vintage les plus recherchées. Estimée à 40’000-60’000 francs, elle a été vendue pour 103’750 francs frais inclus (83’000 francs au marteau).

La prochaine vente Antiquorum aura lieu les 8 et 9 novembre prochain à Genève.

20.8.2020