
Du radium radioactif dans les années 1940, aux pigments Swiss Super-LumiNova de nos jours, le développement des matières phosphorescentes pour l’horlogerie n’a cessé d’évoluer.
Leader incontestée dans ce domaine, la société appenzelloise LumiNova a beaucoup fait parler d’elle lors du dernier salon des sous-traitants EPHJ-EPMT-SMT. Longtemps cantonnée au bleu et au vert pour des raisons propres à la composition des ingrédients, l’entreprise créée en 1934 a présenté cette année les teintes rose, jaune, orange et bleue foncée - après le blanc et le violet en 2017. Une palette de couleurs qui permet aujourd’hui de véritables compositions luminescentes sur les cadrans.
Joint-venture entre le Japonais Nemoto et l’Appenzellois RC Tritec, LumiNova produit des enduits phosphorescents - qui brillent dans le noir - et des peintures fluorescentes - lumineuses en plein jour -, pour pratiquement l’ensemble de l’industrie horlogère suisse, mais également pour d’autres domaines d’application, comme les marquages de sécurité des voitures de police. Si les couleurs de jour comptent quelque 3’000 nuances, les teintes de nuit sont beaucoup plus difficiles à obtenir. Celles-ci dépendent en effet de la nature des cristaux de base qui entrent dans leur composition. C’est la raison pour laquelle les deux seules variantes disponibles furent pendant longtemps le bleu et le vert.
C’est donc peu dire que la société a grandement fait réagir à la présentation de nouvelles tonalités. «Ce sont des nouveaux cristaux, détaille Albert Zeller, CEO de RC Tritec. Ils sont à base d’aluminate de strontium ou d’aluminate de calcium, auxquels on ajoute une terre rare. C’est très difficile à obtenir.» Chaque grain de Super-LumiNova fonctionne comme un mini-accumulateur: soumis à la lumière, les électrons se mettent à vibrer pour atteindre un degré énergétique plus élevé. Une activité électronique que la matière va ensuite perdre, une fois dans l’obscurité. L’énergie ainsi libérée se traduit par l’émission de lumière. Au cours de l’ensemble du processus, tout l’enjeu consiste ainsi à exciter un maximum d’électrons, avant de retarder le plus possible leur ralentissement. «Nous avons déposé des brevets sur ces pigments, dont la performance a doublé», conclut Albert Zeller.
30.8.2018