
L’Association patronale de l’horlogerie et de la microtechnique (APHM) a fêté son centième anniversaire le 20 juin dernier, jour même de sa conception il y a un siècle. Actrice importante de l’industrie horlogère, l’institution, basée à Bienne, est au service de ses membres et soutient avec vigueur la formation professionnelle.
L’Association patronale de l’horlogerie et de la microtechnique a fêté son centenaire au cœur du Bellevue Palace de Berne. Carole Décosterd, présidente de l’association, a rappelé les temps forts de ces dix décennies de combats et de négociations. Hans Stöckli, conseiller aux Etats et ancien maire de Bienne, a quant à lui brossé un portrait de l’histoire horlogère et des crises économiques qui l’ont jalonnée durant ce dernier siècle.
Au 19ème siècle, l’évolution de l’horlogerie artisanale, caractérisée par les comptoirs horlogers et le travail à domicile, évolue et s’industrialise. Apparaissent alors les premières grandes fabriques d’horlogerie.
A cette époque, le tissu industriel horloger se compose d’une multitude de PME actives dans les divers métiers de la branche, tels que fabricants de boîtes et de composants. L’industrialisation et la concentration des forces vives dans un même endroit coïncident avec l’avènement de la révolution industrielle au plan mondial et avec les premiers conflits sociaux entre patrons et ouvriers.
Destinées à l’origine à venir en aide aux ouvriers malades, accidentés ou au chômage, les associations syndicales se radicalisent et luttent pour l’amélioration de la position et l’émancipation sociale de la classe ouvrière. De leur côté, les patrons réagissent et, dans le but de répondre de façon commune aux demandes des syndicats, s’unissent en donnant naissance, le 20 juin 1916, à l’Association cantonale bernoise des fabricants d’horlogerie (ACBFH). Cette dernière vise l’adoption de normes communes, la garantie de la qualité de la production et de la commercialisation. A l’origine de l’ACBFH, trois têtes dirigeantes de grandes entreprises de la région: Paul-Emile Brandt (Omega), Henri Frédéric Sandoz (Tavannes Watch) et Baptiste Savoye (Longines).
Les raisons qui ont amené ces trois industriels à se regrouper et à créer l’ACBFH sont à la fois sociales et économiques. Sociales du fait qu’avec l’industrialisation de la production, les ouvriers tendent à se regrouper en syndicats pour revendiquer de meilleures conditions salariales et sociales, ainsi que de meilleures conditions de travail au quotidien. A titre d’exemple, entre l’été 1914 et fin 1918, le prix du pain connaît une hausse de 108%, celui du sucre de 195%, celui des pommes de terre de 93% et celui de la viande de bœuf de 122%. Les travailleurs, regroupés sous l’égide la Fédération des ouvriers sur métaux et horlogers (FOMH), revendiquent donc des hausses de salaire afin d’adapter leurs revenus au coût de la vie. Parallèlement, la situation économique, liée à la fragmentation des unités de sous-traitance, crée une concurrence interne malsaine entre ces petits ateliers, qui entraîne une forte diminution des prix des composants horlogers. Pour lutter contre cette tendance et faire remonter les prix, ces ateliers se réunissent sous la forme de petites associations de branche. Les fabricants de montres s’unissent de leur côté en une association faîtière destinée, notamment, à négocier des contrats de fournitures avec leurs sous-traitants. C’est dans ce contexte socio-économique tendu et compliqué, que Longines, Omega et Tavannes Watch donnent naissance à l’ACBFH.
Parmi les grands combats menés par l’ACBFH, notons un accord sur la réduction du temps hebdomadaire de travail, qui passe de 58,5 à 52,5 heures en 1919. L’institution a également grandement contribué aux négociations qui ont mené à la naissance de la Convention collective de travail (CCT), le 15 mai 1937. Signée dans un contexte économique particulier, emprunt de tensions et à la veille d’un deuxième conflit mondial. La paix du travail allait toutefois s’instaurer et des partenariats sociaux naître à l’avantage des travailleurs et des industriels, grâce à un sens de l’équité, des réalités et du compromis.
Depuis sa fondation, les activités de l’ACBFH étaient essentiellement déployées dans le canton de Berne qui fut longtemps la plus importante région horlogère en termes de main-d’œuvre. La réalité économique de la fin du vingtième siècle et la nécessité de s’adapter aux besoins de nouvelles entreprises membres ont pour effet d’étendre la présence de l’ACBFH à d’autres cantons horlogers, principalement ceux de Neuchâtel et du Jura et, dans une moindre mesure, ceux de Fribourg, Genève et du Tessin. Cette démarche pousse l’institution à changer de nom. En août 2000, elle devient ainsi l’Association patronale de l’horlogerie et de la microtechnique (APHM).
Comme ce fut le cas pour l’ACBFH pendant 84 ans, l’APHM poursuit la défense des intérêts de ses membres, de l’industrie horlogère en général, ainsi que ceux des nouvelles entreprises de haute technologie qui sont venues s’affilier. L’institution s’engage également dans tout ce qui touche le domaine de la formation professionnelle.
Fidèle «compagnon de route» de l’industrie horlogère et nationale, l’APHM compte aujourd’hui 106 entreprises affiliées, soit quelque 13’000 salariés. Pendant ce nouveau siècle qui s’ouvre à elle, l’APHM continuera d’accompagner et de conseiller ses membres vers la prospérité dans le respect de toutes les parties prenantes.
07.7.2016