Le 15 mai 1937 naissait la première Convention collective de travail en Suisse. 75 ans de partenariat social ininterrompu ont été fêtés à Neuchâtel.
A l’invitation de la Convention patronale de l’industrie horlogère suisse (CP), quelque 200 personnes, dont des représentants des villes et cantons horlogers, des représentants du monde syndical et patronal, conseillers nationaux et aux Etats, s’étaient réunis, le 15 mai dernier, à l’Hôtel Beaurivage de Neuchâtel afin de commémorer les 75 ans de la naissance de la Convention collective de travail (CCT). Première du nom en terres helvétiques - deux mois et quatre jours plus tard naissait la convention de l’industrie des machines - elle a fait preuve de pionnière et a prouvé, au fil des années, son importance et sa nécessité.
Car la première CCT n’avait en effet pas été signée pour durer, mais juste pour rétablir l’ordre entre employeurs et salariés afin de mettre fin à une grève qui paralysait la branche horlogère. Dans le cadre de l’Hôtel DuPeyrou, dix-neuf associations patronales et le syndicat FOMH, ancêtre d’UNIA, scellaient un accord afin de rétablir une situation de crise touchant les entreprises du cadran sises à Bienne. Crise qui s’était étendue jusqu’à La Chaux-de-Fonds et à laquelle les dirigeants d’entreprises avaient répondu par le lock-out (fermeture des usines). Hermann Obrecht, alors Conseiller fédéral, avait joué le rôle de médiateur et conduit les discussions à la signature de la première CCT. Afin de rétablir la paix du travail, les salariés durent renoncer à faire la grève et le patronat au lock-out, les salaires furent relevés, six jours de vacances réintroduits et un tribunal arbitral fut installé afin de trancher les litiges. Ce pacte de paix fut conclu pour une durée de sept mois. Ses instigateurs étaient alors loin de penser que 75 ans plus tard, la CCT serait toujours active après 14 révisions.
Johann N. Schneider-Ammann, Conseiller fédéral et chef du DFE, a souligné l’importance d’un tel accord, première pierre d’un modèle économique viable qui a valu à notre pays une formidable capacité concurrentielle sur le plan international. «De part sa portée, le résultat final a été bien plus qu’un simple accord sectoriel. La nouvelle CCT mettait un point final au climat de lutte des classes, en même temps qu’elle jetait les bases de la prospérité économique du pays», a-t-il souligné. Il a également relevé que, grâce à cet accord, l’embauche est aujourd’hui accélérée et facilitée au sein de notre pays. Preuve en est le taux de chômage - situé à environ 3% - qui compte parmi les plus bas en comparaison internationale.
La dernière CCT, signée l’automne dernier à l’Hôtel DuPeyrou et entrée en vigueur le 1er janvier 2012, réunit sous son égide quelque 400 entreprises, soit 45’000 travailleurs. Elle est renouvelée tous les cinq ans.
Une exposition itinérante, mise sur pied par la CP et le syndicat UNIA retrace la naissance de cet accord historique. Quatre panneaux, élégamment illustrés, expliquent d’une manière didactique les particularités de ce premier accord qui va instaurer la paix du travail en Suisse. De 1937 à nos jours, l’exposition explore les diverses facettes des relations conventionnelles et met en lumière les acteurs de ce partenariat et ses mécanismes. Elle sera présentée au Centre professionnel de Porrentruy (20 juin - 10 juillet), à l’Espace horloger du Sentier (septembre), au Musée Longines (24 septembre - 24 octobre), à la Cité des métiers de Genève (21 novembre - 15 décembre). Plus de détails: www.75ccthorlogerie.ch.
8 juin 2012