Hublot à Athènes - Hommage à la Machine d'Anticythère

Le mouvement Hublot Anticythère a fait son entrée au Musée Archéologique d’Athènes aux côtés des vestiges originaux du navire, du trésor et du mécanisme d’Anticythère, tous réunis pour la première fois depuis leur découverte en 1901.

Le 5 avril dernier, en présence du Ministère de la culture grec ainsi que du directeur du Musée Archéologique d’Athènes, Nikolaos Kaltsas, le mouvement Hublot «Hommage à la Machine d’Anticythère» a fait son entrée dans le musée national, exposé aux côtés des vestiges originaux du mécanisme d'Anticythère. C’est la première fois qu’un musée archéologique invite une manufacture horlogère à présenter un mouvement au sein de ses collections.

Il y a six mois à peine, c’était à Paris, au Musée des Arts et Métiers, que Hublot révélait au grand public le mouvement développé. Il y est toujours exposé dans le cadre de l’exposition «Anticythère, l’énigmatique machine surgie du fonds du temps» qui fermera ses portes en décembre 2012.

Sous l’impulsion de Jean-Claude Biver, Chairman de la marque, seuls quatre mouvements Anticythère ont vu le jour. Pas un de plus. Aucune démarche commerciale. Le projet doit rester beau. Le premier mouvement est exposé au Musée des Arts et Métiers de Paris, le second a fait officiellement son entrée au Musée archéologique d’Athènes, le troisième sera vendu aux enchères en faveur dudit musée dans le cadre de la protection de la machine d’Anticythère d’origine. Et enfin, le quatrième et dernier sera conservé chez Hublot en souvenir de cette fabuleuse aventure.

Hublot avait ainsi souhaité rendre hommage à ce chef-d’œuvre de l’Antiquité en reproduisant et miniaturisant ce mécanisme, donnant naissance à un mouvement aux dimensions d’une montre-bracelet, en y ajoutant les heures, les minutes et un système d’échappement à tourbillon. Une fusion parfaite entre antiquité et modernité. Les différentes indications connues de la «machine» d’Anticythère ont été respectées sur la montre, au recto comme au verso. Sur la première face du mouvement: le calendrier des jeux Panhelléniques (dont les jeux à Olympie, les anciens jeux Olympiques), le calendrier égyptien, la position du soleil ainsi que le mouvement et les phases de la lune dans les constellations du Zodiaque. Au dos, on y trouve les cycles luni-solaires astronomiques: callipique, métonique, du Saros et de l’Exeligmos.

Le mécanisme d’Anticythère est un des objets les plus mystérieux de l’histoire des civilisations. Aujourd’hui reconnu et minutieusement étudié par la communauté scientifique, il a été découvert en 1901, mais sans qu’on en comprenne alors l’immense intérêt historique et technique. L’idée même d’une «machine» réalisée dans l’Antiquité gréco-romaine n’entrait pas dans le cadre de travail conceptuel des spécialistes de cette époque. Par la suite, les affirmations obscurantistes des non-scientifiques ont prétendu donner aux artefacts d’Anticythère une nature quasiment extra-terrestre, ce qui ne rendait pas le débat plus limpide.

Les fragments de cette «machine» n’ont finalement été analysés de manière approfondie, dans un cadre pluridisciplinaire, qu’au début du 21ème siècle. Ces travaux ont permis de mieux comprendre la complexité de ce mécanisme hors du commun. On admet aujourd’hui que cet «instrument astronomique» est daté du deuxième siècle avant notre ère (à peu près entre l’an 150 et 100 av. J.-C.). Il s’agissait, à l’origine, d’un «calculateur», dont les rouages de bronze étaient logés dans une caisse de bois d’environ 33 x 18 cm, boîtier fermé par deux plaques de bronze recouvertes d’inscriptions. Il ne reste que 82 fragments de cette «machine», certains minuscules, tous rongés par la corrosion: ils sont à l’abri pour toujours au Musée Archéologique d’Athènes. Une étude tomographique (scanner à rayons X) très avancée a permis de révéler, en images exploitables scientifiquement et archéologiquement, de nombreux rouages internes, invisibles à l’œil nu, des roues dentées, ainsi que de nouvelles inscriptions cachées sous les concrétions.

On admet aujourd’hui que cette machine aurait pu être conçue à Rhodes où vivait une communauté d’astronomes comme Hipparque, ainsi que des mécaniciens comme Poseidonios. Une nouvelle hypothèse a été proposée: cette machine aurait un rapport étroit avec Syracuse, en Sicile, la cité du célèbre génie mathématique Archimède, qui était alors une prospère colonie corinthienne, ou même avec la métropole, Corinthe. Le mécanisme d’Anticythère aurait pu y être conçu, des dizaines d’années avant son naufrage au large de l’île dont il porte aujourd’hui le nom.

En 2006 et 2008, la révélation par le magazine scientifique Nature des analyses tomographiques pratiquées sur les fragments de la machine n’a pas manqué d’enflammer l’imagination de quelques horlogers un peu hardis. Mathias Buttet, qui est aujourd’hui directeur de la recherche et du développement au sein de la manufacture Hublot, a voulu rendre hommage au premier chef-d'œuvre mécanique que nous a légué l’histoire. Un hommage technique, en miniaturisant aux dimensions d’une montre-bracelet l’ensemble de la mécanique d’Anticythère tel qu’il a été révélé par l’analyse scientifique. Un hommage horloger en ajoutant à ce calculateur astronomique une nouvelle dimension, celle d’un objet du temps à part entière, capable de donner l’heure avec précision. C’est la première fois dans l’histoire des montres qu’un bureau de développement horloger s’inspire ainsi directement d’une mécanique «archéologique» héritée de l’Antiquité. C’est aussi la première fois qu’une équipe horlogère travaille ainsi, main dans la main, avec une équipe scientifique qui regroupe des sommités internationales de l’archéologie, de l’épigraphie et des historiens de la mécanique.

17 avril 2012