Du 15 mai au 16 octobre, le Patek Philippe Museum de Genève propose une grande exposition sur les montres produites aux 18ème et 19ème siècles pour le marché chinois, en particulier celles réalisées par paires.
Sous la houlette de son conservateur Arnaud Tellier, le Patek Philippe Museum conserve dans ses collections plus d'une centaine de garde-temps créés pour le marché chinois, datant du milieu du 18ème au milieu du 19ème siècle. Les plus anciens ont été réalisés à Londres; les autres mettent en évidence le talent d'artisans originaires de Genève, de la Vallée de Joux ou encore des montagnes neuchâteloises. Parmi ceux-ci, certains ont la particularité d'aller par paires et, pour beaucoup d'entre eux, de posséder un motif se faisant pendant en un effet miroir.
Située au troisième étage du musée, l'exposition présente une quarantaine de paires de montres «chinoises», grâce aux généreux prêts d'institutions publiques et de collectionneurs, qui complètent pour moitié les objets provenant des collections du musée.
La richesse et la variété des sujets représentés sur ces montres, aussi bien religieux, mythologiques que simplement décoratifs, donnent une bonne vision d'ensemble de ce qui était produit à cette époque pour ce débouché commercial. Horlogers, orfèvres, peintres sur émail et graveurs ont collaboré pour fabriquer ces véritables chefs-d'œuvre destinés à séduire les dignitaires chinois.
C'est à la cour de Constantinople (Istanboul), avec laquelle Genève entretient des rapports étroits depuis le début du 17ème siècle, que débute le tour du monde des montres genevoises et le commerce de l'horlogerie suisse avec le monde oriental, en particulier la Chine. Evitant les diplomates français - l'édit de Nantes ayant été révoqué depuis peu (1685) -, les horlogers genevois profitent de la présence anglaise auprès de la Sublime Porte pour se faire représenter et misent sur les comptoirs que les Anglais ont établis en Extrême-Orient pour exporter horloges, pendules et montres. En effet, ces derniers avaient pris l'habitude de se servir de leurs relations diplomatiques pour imposer leur politique et, du même coup, favoriser l'introduction de leurs marchandises.
Bien que les horlogers suisses utilisent longtemps la filière anglaise pour écouler leurs productions, ils organisent assez rapidement leur propre commerce, directement avec la Chine. Sous le règne de l'empereur Ch'ien-lung (1736-1796), l'horlogerie de luxe genevoise joue un rôle capital pour devenir, au tournant du siècle, le premier fournisseur de l'Empire du Milieu. Nombre d'horlogers suisses s'y établissent alors jusqu'à ce que la guerre de l'Opium (1840-1842) marque le déclin de ce commerce florissant. Et que les horlogers helvétiques se tournent vers de nouveaux marchés, en l'occurrence l'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud.
L'exposition «Le Miroir de la séduction: prestigieuses paires de montres chinoises» est ouverte jusqu'au 16 octobre 2010. Patek Philippe Museum, rue des Vieux-Grenadiers 7, 1205 Genève. Heures d'ouverture: du mardi au vendredi de 14h à 18h, le samedi de 10h à 18h. Fermé les jours fériés. Ouverture prolongée jusqu'à 20h les premiers mardis du mois de juin à octobre. Visites guidées publiques les samedis et nocturnes toutes les demi-heures dès 14h30. Plus d'informations sur www.patekmuseum.com.
26 mai 2010