En publiant son message Swissness en novembre, le Conseil fédéral a exprimé clairement sa volonté de renforcer le Swiss made pour tous les secteurs de l’économie suisse, y compris l’horlogerie.
Nous avons déjà eu l’occasion de l’affirmer: la crédibilité du Swiss made horloger auprès des consommateurs du monde entier passe par un renforcement drastique de sa définition. La législation actuelle favorise en effet les fraudes et conduit à une dilution insidieuse de l’indication avec une perte en termes d’image pour les véritables produits helvétiques. Une indication de provenance doit être utilisée conformément à la perception qu’en ont les milieux intéressés, à savoir les entreprises de la branche et les consommateurs. Or, les entreprises horlogères suisses, dans leur très grande majorité, condamnent la faiblesse du Swiss made actuel. Quant aux consommateurs, ils s’estiment trompés - des études récentes le démontrent - lorsqu’ils apprennent que certaines montres estampillées Swiss made n’incorporent qu’une faible valeur suisse.
Le projet Swissness introduit de nouvelles conditions pour que tout produit industriel suisse puisse s’appeler Swiss made: 60% au moins du prix de revient (y compris les coûts de recherche et développement) doit être réalisé en Suisse et l’activité ayant donné au produit ses caractéristiques essentielles être effectuée en Suisse. Il est par ailleurs proposé à chaque secteur économique de préciser et compléter ces critères dans une ordonnance de branche. En fait, la FH a déjà soumis un tel projet au Conseil fédéral, suite à son assemblée générale de 2007 qui l’avait accepté à une très large majorité. Celui-ci estime toutefois que formellement, il faut mener Swissness à son terme avant de finaliser le projet FH.
Plusieurs entreprises craignent que le renforcement du Swiss made ne provoque des pertes d’emplois dans la mesure où certaines montres n’auront plus accès à cette désignation. Ce qui est certain en revanche, ce sont les délocalisations qui interviendront quand le Swiss made aura perdu toute valeur aux yeux des consommateurs. En outre, certaines entreprises vont rapatrier en Suisse une partie de la production ou de l’approvisionnement pour bénéficier d’un Swiss made fort. De plus, contrairement au droit actuel, Swissness favorisera l’activité de recherche et développement en Suisse en permettant d’incorporer ces coûts dans le calcul de la valeur suisse. Tous ces effets seront favorables sur l’emploi en Suisse.
Swissness introduit également de nouveaux instruments permettant une protection plus efficace du Swiss made à l’étranger. Il sera en effet possible d’inscrire ce label dans le registre public des indications géographiques. Cette inscription donnera une reconnaissance officielle plus facile à faire admettre dans les pays qui connaissent ce type d’instrument (Inde et Mexique notamment). Swissness va également autoriser le dépôt en Suisse de la marque Swiss made pour pouvoir bénéficier du système d’enregistrement international. Le Swiss made sera donc plus facile à faire enregistrer comme Certification Mark, seul moyen d’espérer une protection efficace dans les pays anglo-saxons. Enfin, Swissness va autoriser plus largement l’usage du drapeau suisse sur les produits helvétiques.
Bien qu’il s’agisse d’un chantier difficile, nous sommes convaincus de la nécessité des démarches entreprises, ce qui justifie pleinement le soutien de la FH au projet Swissness, qui va sous peu être débattu au Parlement.
7 janvier 2010