En un temps record, Louis Vuitton s'est fait une place au soleil sur le marché de la montre haut de gamme. Rencontre avec Albert Bensoussan à l'occasion de la sortie de la deuxième collection horlogère du numéro un mondial du luxe.
Si l'on fait abstraction d'une série spéciale éditée en 1986 avec le concours d'IWC, Louis Vuitton n'est actif sur le marché de la montre que depuis 2002, soit quelque deux ans et demi. Un laps de temps en principe bien trop court pour se faire une place enviable dans le très select club du luxe horloger. Et pourtant…
"Nous produisons aujourd'hui plus de 20'000 montres par année… mais moins de 50'000", déclare fièrement Albert Bensoussan, le directeur de l'activité Montres du malletier français, qui se refuse à être plus précis pour éviter tout ennui avec les autorités de surveillance boursière. Son objectif à moyen terme, soit 5 ou 6 ans, est de réaliser 5% du chiffre d'affaires du groupe avec les produits horlogers, contre 2 à 3% aujourd'hui.
Pour y arriver, il dispose notamment d'un instrument à nul autre pareil: le réseau mondial des boutiques Louis Vuitton, au nombre de 350 environ, dont 120 commercialisent actuellement en exclusivité la gamme des montres Tambour et, très bientôt, la nouvelle ligne Speedy. Chez Louis Vuitton, la distribution a cela de particulier qu'elle se fait uniquement par le réseau de la marque: aucune montre portant la griffe française n'est en effet vendue officiellement dans un autre point vente. Cas contraire, il s'agit d'un produit émanant du marché gris ou, pire, d'une contrefaçon!
Exception faite de pièces hors du commun comme les tourbillons ou les montres joaillerie, la gamme horlogère Louis Vuitton va de 2'500 à 15'000 francs environ. Selon Albert Bensoussan, les ventes se répartissent harmonieusement entre le Japon (30%), le marché phare du malletier depuis des lustres, le reste de l'Asie (20%), l'Europe (25%) et les Amériques (25%). La répartition entre produits à quartz et mécaniques est également assez équilibrée: 60% pour les premiers, 40% pour les second. Quant à la clientèle, elle se recrute à parts égales chez les hommes et chez les femmes. Une situation qu'Albert Bensoussan entend légèrement modifier ces prochaines années au profit des montres dame.
Cet objectif, il l'atteindra peut-être grâce à la nouvelle collection Speedy, qui arrive sur les marchés ces jours. D'inspiration néo-rétro et évoquant à travers certains de ses détails l'univers de l'automobile, celle-ci est une invitation à l'étonnement et à l'inattendu. Comme la gamme Tambour, elle exprime les valeurs ancestrales de la maison Louis Vuitton, à savoir la créativité et le savoir-faire. Grâce au caractère affirmé de sa forme carrée, Speedy joue la carte de l'urbanité teintée d'élégance. Son boîtier massif et évasé aux formes galbées et sensuelles, habillé sobrement d'acier, laisse apparaître, côté face, un cadran de couleur ice blue esthétiquement très riche et, côté pile, un motif damier délicatement gravé. Quant au bracelet, il marie une peau précieuse, l'alligator, avec des couleurs franches et vives.
Dans cette gamme, hormis les chronographes, l'amateur retiendra surtout les modèles DuoJet - dont le mouvement est une exclusivité brevetée Louis Vuitton - avec leurs deux cadrans qui fonctionnent de façon synchronisée et offrent au voyageur la possibilité de s'adapter aux fuseaux horaires spéciaux qui peuvent varier au quart d'heure près. A Katmandou ou sur Chatham Island, la DuoJet donnera toujours à son propriétaire l'heure la plus précise!
12 avril 2005