Près de 200 licenciements en Suisse - Richemont au creux de la vague

Suite à un exercice 2002-2003 particulièrement difficile, le groupe Richemont se voit contraint de licencier quelque 200 personnes et de fermer son usine de Villeret.

Clos à fin mars dernier, l'exercice 2002-2003 a fortement entamé la rentabilité du groupe Richemont. Le bénéfice net du numéro deux mondial du luxe a en effet diminué de 22% à 642 millions d'euro et le résultat opérationnel de 46% à 259 millions, pour un chiffre d'affaires en baisse de 5% à 3'651 millions. Ce bénéfice net supérieur au bénéfice opérationnel s'explique par le fait que la participation du groupe dans British American Tobacco a rapporté 486 millions (sans elle, le résultat net plafonne à 156 millions, -53% par à 2001-2002). Et les perspectives ne semblent guère plus souriantes avec des ventes en recul de 19% à taux de change constants pour les deux premiers mois de l'exercice 2003-2004 (avril-mai).
Le groupe a dès lors décidé de prendre le taureau par les cornes et de restructurer en profondeur certaines de ses activités. L'unité d'assemblage de montres Cartier à Villeret sera ainsi fermée, un peu plus de dix ans après son inauguration, et ses activités transférées sur le site de la marque à La Chaux-de-Fonds. Cette mesure s'accompagne du licenciement de quelque 200 personnes, principalement à La Chaux-de-Fonds et à Genève, mais aussi à Villeret et à Fribourg, soit environ 5% des effectifs employés en Suisse dans la production de montres (4'000 personnes).

Les raisons de cette situation délicate résident bien sûr en partie dans l'effondrement des marchés boursiers, dans les incertitudes économico-politiques et dans la baisse du tourisme, sans parler de l'épidémie de pneumonie atypique. Mais, comme le reconnaît le patron du groupe Johann Rupert, "il serait malhonnête de mettre tous nos maux sur le compte de facteurs externes". Richemont n'était en effet pas assez préparé au retournement de la conjoncture et a réagi "trop tardivement", porté qu'il était par l'euphorie qui a régnée jusqu'à mi-2001. Ce qui n'a fait que rendre la chute plus dure.

Au niveau des marques, Alfred Dunhill et Lancel ont subi à elles deux des pertes cumulées de 107 millions d'euro en 2002-2003. Plusieurs boutiques du spécialiste du sac à main ont d'ailleurs dû être fermées aux Etats-Unis et en Belgique. Quant à Cartier et à Van Cleef & Arpels, elles ont vu leurs ventes se contracter de 8%, ce qui a entraîné un manque à gagner de 185 millions.

Mais tout n'est pas pour autant noir dans l'univers du groupe, qui relève ainsi par exemple l'augmentation du chiffre d'affaires des trois marques rachetées au prix fort en 2000 (Jaeger-LeCoultre, IWC et A. Lange & Söhne), de même que la poursuite de la forte croissance de Panerai. Quant au cash-flow dégagé par les activités opérationnelles du groupe, il a quasiment doublé (556 millions contre 286), ce qui a permis de diminuer l'endettement net à 1,18 milliard d'euro, contre 1,46 milliard un an plus tôt.

Et, pour finir sur une note positive, notons que les effets de la restructuration entreprise devraient déjà être visibles dans les résultats du premier semestre de l'exercice 2003-2004, soit à fin septembre prochain.

19 juin 2003