Afin de devenir une manufacture horlogère à part entière, Chopard Genève prend le pari d'implanter à Fleurier en 1996 un atelier pour la fabrication d'un nouveau mouvement automatique. Cinq ans plus tard, le succès est au rendez-vous.
Pour rendre hommage à ses origines, la firme genevoise Chopard décida il y a quelques années de développer son propre mouvement automatique et de le baptiser LUC (pour Louis-Ulysse Chopard qui créa l'entreprise en 1860 à Sonvilier). Elle implante alors à Fleurier (NE) un atelier doté d'un équipement de pointe et animé par une petite équipe d'ingénieurs et de techniciens de premier plan…
Aujourd'hui, la manufacture Chopard du Val-de-Travers compte plus de 60 employés et fabrique cinq types de mouvements LUC différents, dont le petit dernier, le LUC 6.96, nouveauté mondiale présentée à Bâle cette année (voir photos) et qui équipe la LUC Tonneau: la seule montre au monde qui possède un calibre de forme automatique avec microrotor décentré qui s'intègre harmonieusement dans un boîtier bombé.
Mais la société fleurisanne ne développe et ne produit pas seulement des mouvements LUC. Elle exécute également d'autres travaux pour sa maison mère, comme l'assemblage des fameuses montres Mille Miglia.
Selon les lois non écrites du secteur horloger, une entreprise ne peut se prévaloir du titre envié de "manufacture" que si elle fabrique au moins l'un de ses mouvements elle-même. En produisant des mouvements de haut niveau, Chopard essaie de s'assurer une part de marché des montres homme de très haut de gamme. A la question de savoir s'il a déjà récupéré les investissements consentis à Fleurier, soit quelque 3,5 à 4,0 millions de francs, M. Karl-Friedrich Scheufele, vice-président de Chopard, répond: "Oui. Non seulement sous forme de chiffre d'affaires, mais aussi sous forme de goodwill. Le goodwill que nous avons acquis pour la marque est incroyable. A part cela, la petite entreprise de Fleurier travaille très bien. Les deux ou trois premières années ont été les années de lancement, où l'on a investi, mais maintenant nous sommes indépendants".
Dans les anciens bâtiments de la Fabrique d'ébauches de Fleurier – FEF que la manufacture a acquis entre-temps, il est prévu que le nombre de collaborateurs atteigne quatre-vingts horlogers en 2002. La capacité de production annuelle devrait pour sa part atteindre 8'000 à 10'000 mouvements mécaniques LUC au cours des trois à quatre prochaines années.
"Notre ambition est d'équiper encore davantage de montres Chopard d'un mouvement LUC", déclare le vice-président de la firme genevoise. Cinq mille mouvements, ce qui ne représente même pas 10 % des 70'000 mouvements dont Chopard a besoin chaque année, sont livrés aujourd'hui par la manufacture.
"Pour notre marque, lancer le mouvement LUC a été une étape très importante, qui nous a apporté un prestige considérable et une notoriété inestimable dans le monde horloger", conclut M. Scheufele.
6 juin 2001