Marque phare du Swatch Group depuis près d'une année et de l'horlogerie suisse depuis 1775, Breguet entend faire une entrée aussi remarquée que remarquable dans le troisième millénaire. Et cela sans rien renier de son prestigieux passé. Bien au contraire.
De son vivant, Abraham-Louis Breguet a été l'horloger des plus grands de ce monde, ce qui n'était après tout que justice puisqu'il était et demeure le plus grand des horlogers. De toutes les marques prestigieuses que compte l'horlogerie suisse, celle qui porte son nom bénéficie donc d'une aura toute particulière. Empreinte d'un patrimoine inégalé, elle impose aussi à ceux qui en ont la garde le respect d'une tradition vieille de plus de deux siècles. Cela, Nicolas Hayek, qui a repris le flambeau des mains d'Investcorp il y a un an, en est bien conscient. Et s'il entend faire progresser son nouveau joyau, il le fera en respectant à la lettre ou presque le monumental héritage du plus français des horlogers suisses.
Pas de crainte à avoir donc pour les années à venir. Une Breguet ressemblera toujours à une Breguet. Et son boîtier reconnaissable entre tous n'habillera que des mécaniques de la plus haute qualité, qui n'auront d'égal que la sophistication de leurs complications.
Mais attention: respect de la tradition ne signifie surtout pas immobilisme! Le nouveau patron de Breguet veut en effet faire connaître et reconnaître le nom de l'illustre horloger dans toutes les sphères du monde entier: en dopant les ventes de la marque qui, de quelque 8'000 pièces pour un chiffre d'affaires avoisinant les 100 millions de francs cette année, devraient atteindre 25'000 pièces et 500 millions dans dix ans; en créant un réseau d'une trentaine de boutiques Breguet dans les villes les plus en vue (la première s'est ouverte récemment à Paris, en attendant Cannes, puis Tokyo, New York et Londres, sans oublier Zurich et Genève); en lançant une nouvelle campagne promotionnelle autour de clients célèbres de la marque (Napoléon et Winston Churchill ouvrent le feu) ou d'écrivains lui ayant fait référence (Alexandre Pouchkine et Stendhal pour commercer).
Autre innovation: le lancement d'une ligne de bijoux réalisés dans l'esprit de Breguet, s'adressant aux femmes qui n'ont que faire de la mode éphémère et de ses icônes (la Revue FH y reviendra dans un prochain numéro).
Sise au 20 de la Place Vendôme, avec comme prestigieux voisins Van Cleef & Arpels et Mauboussin, la boutique parisienne, qui a été inaugurée officiellement le 14 septembre, est actuellement le seul point de vente au monde à offrir la collection Breguet complète, y compris les six nouvelles lignes de bijoux. Lieu d'accueil chaleureux et intime (voir dessin), tout y respire l'harmonie, de sa forme ovale aux couleurs claires de ses murs partiellement recouverts de boiseries en passant par le mobilier qui respecte les lignes traditionnelles de la fin du 18ème siècle et l'éclairage au ton doré.
Mais le numéro 20 de la Place Vendôme n'est pas seulement un lieu dédié à la vente. Les clients, comme les passionnés de haute horlogerie, peuvent y découvrir, au sous-sol et sur rendez-vous, le musée Breguet, qui expose pour l'instant quelque 40 montres anciennes ainsi que les précieuses archives de la marque (registres de fabrication, de vente et de rhabillage). A noter particulièrement la montre 5038 vendue le 13 octobre 1832 au comte Demidov dont Nicolas Hayek a fait l'acquisition, en même temps que quatre autres chefs-d'œuvre de Breguet, le 5 juin dernier à Hong Kong lors d'une vente aux enchères Antiquorum.
Si le passé et le présent de Breguet sont riches d'événements extraordinaires, il en ira de même de l'avenir puisque M. Hayek a d'ores et déjà prévu d'ouvrir d'autres musées dans le monde, de créer une école de haute horlogerie Breguet et de célébrer dignement, l'an prochain, les 200 ans du Tourbillon, une invention géniale signée… Breguet!
25 septembre 2000