Richard Mille agrandit sa manufacture

Au cœur des Franches-Montagnes, entre sapins et pâturages, ProArt II est sorti de terre aux côtés de sa grande sœur ProArt I. Cette nouvelle entité renforce le groupe Richard Mille dont les ventes ne cessent de croître.

Richard Mille, une marque qui, depuis presque deux décennies, a su s’implanter dans le monde entier et qui n’a pas d’égale dans la branche tant ses garde-temps sont spécifiques, tous plus ahurissants les uns que les autres, reconnaissables à la ronde. Ils sont tous dotés d’une technologie avancée et de matériaux empruntés aux mondes de l’automobile, de l’aéronautique ou encore de la chirurgie médicale. Une approche de l’horlogerie également hors du commun où les fonctions d’une pièce dictent sa forme. Le design est donc inspiré des «moteurs» qui habitent les pièces. L’imposante stature des montres est inversement proportionnelle à leurs poids qui n’a d’égal. La RM 27-01 Rafael Nadal, avec ses 18,83 grammes, peut se targuer d’être la plus légère au monde.

Si le nom Richard Mille représente aujourd’hui tout un groupe d’entreprises, il n’en a pas toujours été ainsi. La maison horlogère a vu le jour en 1999, née de l’amitié entre Dominique Guenat et Richard Mille. Dominique Guenat dirigeait alors Guenat SA Montres Valgine (GMV) aux Breuleux. Entreprise familiale créée en 1900, GMV a commercialisé ses propres montres jusqu’en 1986. Elle s’est ensuite orientée vers le private label. De son côté, Richard Mille, alors directeur de la division Horlogerie de Mauboussin, nourrit l’espoir de lancer une fois sa propre marque. Il propose alors à Dominique, son ami de longue date, de l’accompagner dans cette aventure, nous sommes alors en 1999. La première pièce - RM 001 Tourbillon - sera présentée à Baselworld deux ans plus tard. La forme tonneau, si familière à la maison, signe ce premier opus.

La passion commune des deux amis pour l’automobile, l’aéronautique et la mécanique donnera le ton à la longue liste de garde-temps qui suivra où les matériaux les plus insolites apportent aux montres leur plus-value. Ces pièces hors du commun ont rapidement trouvé acquéreurs, des aficionados de l’horlogerie en soif de renouveau et conscients de la haute technologie miniaturisée qui leur était offerte.

De par leur volume, les RM s’adressent dès les débuts plutôt aux hommes. Pourtant, Richard Mille n’en oublie pas pour autant la gent féminine et lance, en 2005, la RM 007 Automatic Ladies’ Watch, dotée d’un mouvement squeletté offrant une réserve de marche de 38 heures, un exercice réussit présentant un savant équilibre entre performances et design. D’autres pièces suivront, comme la RM 19-02 Tourbillon Fleur agrémentée d’un magnolia entourant le tourbillon et s’ouvrant toutes les cinq minutes ou à la demande, dévoilant ainsi le mécanisme horloger qui s’élève de 1 mm lorsque la fleur est entièrement ouverte, présentant ainsi toute sa splendeur au regard.

Dès ses débuts, la société s’installe dans les locaux de Guenat SA Montres Valgine. Malgré une extension rajoutée en 2007, elle se sent gentiment à l’étroit. L’opportunité de s’agrandir encore voit le jour en 2013, sur un terrain situé non loin du siège principal. ProArt I, bâtiment industriel de quelque 3’000 m2, sort de terre au milieu de sapins et pâturages. Il sera dédié à la construction des boîtiers et de certains composants horlogers (platines, ponts, vis, roues, etc.).

La croissance fulgurante mais maîtrisée de l’entreprise - 10 à 15% ces dernières années - pousse le groupe à s’étendre encore. Fin 2017, les fondations de ProArt II sont posées. Les employés prendront possession des nouveaux locaux au printemps 2019. La construction va de pair avec l’idyllique paysage qui l’entoure: chauffage par pompes à chaleur et sondes géothermiques, panneaux solaires, éclairages par LED performants et grandes baies vitrées offrant une vue imprenable sur les verdoyants paysages francs-montagnards. Cette nouvelle entité de 2’500 m2 abrite principalement les différents bureaux techniques, la recherche et le développement, un laboratoire horloger opérant les différents tests validant la fiabilité des montres, le polissage, le montage-habillage des boîtes, différents contrôles. Entièrement aménagé par l’Atelier Oï, bureau d’architecture et de design siégeant à La Neuveville, le premier étage arbore des espaces communs - lounge, cafétéria, corridors - aux teintes chaleureuses et douces.

Que ce soit au sein des ateliers de production, de polissage, de montage des mouvements et garde-temps, ou encore dans les bureaux de contrôle, une grande rigueur est de mise. Chaque maillon humain de la chaîne de création des montres RM a conscience que la qualité de son travail impactera sur la finalité du produit, tant au niveau chronométrique que visuel.

Inspiration
Depuis la création de la marque, Richard Mille puise son inspiration principalement dans le monde de la course automobile. Etude de la résistance aux chocs, réduction des frottements, utilisation des mêmes matériaux performants… ces critères représentent les fondements de la création d’un garde-temps RM. L’aéronautique ou encore la chirurgie de précision ont amené la marque à utiliser des matériaux jusqu’alors inconnus du monde horloger, comme le Carbon TPT, Quartz TPT, Graph TPT, Titane grade 5, carbure de titane, alliage de titane-aluminium (TiAl), céramique, saphir, alliage de polymères et nanotubes de carbone, etc.

Réseau de boutiques
En 2019, Richard Mille a commercialisé quelque 5’000 pièces, représentant un chiffre d’affaires de 360 millions. Les montres sont principalement vendues dans les propres boutiques de la maison, à savoir 41 à ce jour. Ces espaces se veulent aussi surprenants que les garde-temps qui y sont présentés. Dès son entrée, le visiteur est ainsi plongé dans l’univers de la marque. Pour exemple, au cœur du flagship store de Londres récemment réouvert, les clients peuvent découvrir une monumentale structure représentant la RM 008 Tourbillon Chronograph gravée au laser sur un triple panneau de verre. Cette création pèse plus de 450 kilos.

Le marché de niche que représentent ces 5’000 pièces est savamment distribué de par le monde, à savoir 30% sont réservés pour l’Europe et le Moyen-Orient, 30% pour les Amériques, 30% pour l’Asie et les 10% restants pour le Japon.

Groupe Richard Mille
Si les garde-temps portent le nom de Richard Mille, c’est bien tout un groupe d’entreprises qui œuvre à la conception et à la distribution des RM. A savoir la maison Horométrie SA, en charge de la distribution et du service après-vente; Guenat SA Montres Valgine (administration, conception et développement des produits, T0 à T3), les deux entités ProArt; VDMH à La Chaux-de-Fonds, spécialisée dans la décalque et la décoration horlogère; et les Editions Cercle d’Art, à Paris, qui s’occupent de l’impression des différents documents et livres dédiés à la marque. Quelque 190 personnes travaillent pour toutes ces enseignes.

La relève
Si Richard Mille et Dominique Guenat sont toujours très actifs dans le groupe, ils n’en préparent pas moins la relève. Cécile Guenat, directrice artistique des collections féminines de la maison, a déjà signé la collection Talisman - RM 71-01 Tourbillon Automatique Talisman - une véritable ode à la féminité, lancée en 2018. Et ce printemps, au Salon international de la haute horlogerie (SIHH), la collection Bonbon, également née de l’imagination de la créatrice, a offert aux visiteurs et passionnés de la marque des «gourmandises» à porter aux poignets… sensations garanties. Amanda Mille Bey est quant à elle en charge des partenaires, ambassadeurs et clients VIP de la maison, alors que son frère Alexandre occupe le poste de directeur commercial.

21.11.2019